vendredi , 29 mars 2024
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La bataille de la légitimité continue entre la HAT et les légalistes. Ces derniers mobilisent les citoyens à ne pas dresser le drapeau national à l’occasion de la fête de l’indépendance en signe de protestation contre « un pouvoir illégal ». C’est tout le régime de la transition qui contre-attaque. L’enjeu est plus important qu’il n’y paraît.

26 juin, la polémique du drapeau national deviendrait une affaire d’Etat

Le leader du mouvement légaliste, Jean Louis Rakotoamboa, n’aurait pas imaginé que son appel à  ne pas dresser le drapeau national en signe de contestation allait susciter de vives réactions de toutes parts. A J-10, on n’avait l’habitude de voir la plupart des foyers afficher leur patriotisme. Cette année, ce n’est pas vraiment l’enthousiasme. Est-ce l’existence d’autres préoccupations ou l’expression d’une opinion politique ?

L’appel des légalistes a été clair : demander aux foyer de ne pas accrocher le drapeau blanc-rouge-vert sur leur maison. La contestation symbolique est suggérée comme une forme de patriotisme. Par ailleurs, les militants qui rejoignent les meetings sont encouragés à venir avec un drapeau. L’appel a été attendu par une bonne partie de la population.

Dans les rangs de la HAT et du gouvernement de transition, la riposte s’organise contre ce qui pourrait donner une mesure de l’importance du mouvement de contestation d’un pouvoir qui prétend avoir le soutien de tout le peuple. Le premier ministre Roindefo sonne la charge en tançant une démarche non patriotique et qui consiste à remettre en cause la république.

Le chef du gouvernement de transition est appuyé par son ministre de l’Intérieur qui avance un étrange argument légal évoquant la loi sur la communication et la loi sur les partis politiques. Selon Manantsoa Masimana, un parti ne devrait pas dénigrer la fête de l’indépendance, symbole de la république en demandant aux citoyens de ne pas la célébrer.

Les membres de la HAT sont venus à la rescousse. Au cours d’une conférence de presse, ils ont joint l’acte à la parole pour contrer cet appel à une non célébration de la fête nationale par les foyers. Ils sont tous venus avec un drapeau national assez large pour les envelopper pratiquement, l’exemple du patriotisme viendrait du haut !

Les chefs de région sont mis à contribution pour marteler le devoir de mettre un drapeau sur les maisons. Les communes n’étant pas toutes pro-HAT, la stratégie consiste à faire pression les fokontany. La plus petite des collectivités sont sommées à mobiliser et rappeler à l’ordre les habitants pour que ceux n’affichent pas « involontairement » une opinion contre le pouvoir et en faveur de l’opposition légaliste.

Si la polémique sur le drapeau national prend une telle proportion, c’est que toute la société peut sonder la popularité du régime de transition imposé par Andry Rajoelina et son gouvernement. Il s’agit presque d’un référendum sans passer par les urnes. Etes-vous pour ou  contre ce pouvoir illégal, demandent les légalistes, si « non », n’affichez pas le drapeau à l’occasion du 26 juin.

Pour la HAT, la question est détournée. Etes-vous patriotes, si « Oui », dressez le drapeau. Face à la véhémence du ton utilisé par les tenants du pouvoir pour tancer l’expression d’une contestation passive et pacifique, de nombreux foyers ont peur d’une réprimande des militants pro-TGV. L’astuce est de choisir un drapeau de petite taille et le mettre à un endroit plutôt discret.