jeudi , 25 avril 2024
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Antananarivo promise à sa future mairesse ?

Antananarivo promise à sa future mairesse ?

Ce ne serait pas la première fois qu’une femme devient la première magistrate d’une grande ville, mais jamais la capitale n’a été gouvernée par une mairesse. Pour les féministes, c’est un rendez-vous avec l’histoire à surtout ne pas manquer. Les plus pragmatiques mettent plutôt en avant la déficience des candidatures masculines, sans faire sortir un favori, même pas le candidat soutenu par le parti du régime.

Lalao Ravalomanana est indéniablement une des favorites des municipales à Antananarivo. L’ex-première dame a fait une campagne relativement discrète et est allée à la rencontre de la population. Sa popularité et celle de son mari sont intactes. La candidate assume avoir été l’épouse d’un maire de la capitale et du président de la République, y voit une expérience positive. Sa candidature a été selon elle motivée par son séjour en terre sud-africaine où elle a constaté un autre développement urbain. « Neny » Lalao Ravalomanana est revenue au pays pour jouer un rôle de leader : « je suis prête à prendre ma responsabilité pour la reconstruction d’Antananarivo ». Elle a déjà un programme de développement bien ficelé et appelle à la coopération, notamment le partenariat public privé. Elle promet de gouverner la capitale dans la droiture et la transparence.

A l’applaudimètre et à l’incontournable mesure de l’ambiance des meetings, la candidate de Freedom, Lalatiana Rakotondrazafy, revendique le costume de la favorite. La journaliste-animatrice radio se définit comme un rouleau compresseur. Côté popularité, elle est en très bonne position notamment dans les quartiers populeux et bénéficie du soutien de l’ancien président de la Transition Andry Rajoelina. La candidate promet de « continuer la lutte » et de tenir tête au pouvoir si ce dernier sabotait le développement d’Antananarivo pour des raisons politiques. Son discours frisant peut-être le populisme est très efficace quand il s’agit de promettre aux habitants ce à quoi ces derniers aspirent. En tout cas, la jeune candidate affirme être en mesure de tenir ses engagements.

On dit qu’Antananarivo est promise aux opposants. C’est le cheval de bataille de celle qui se revendique le statut officieux de leader de l’opposition. Lalatiana Ravololomanana n’a pas les mêmes moyens de campagne que son illustre homonyme, mais elle trouve un public pour ses idées. Son affiliation à la famille politique d’Albert Zafy ne lui sert pas beaucoup. L’éternelle opposante promet de défendre la capitale contre le prédateur qu’est l’Etat. Elle promet de s’occuper rapidement des problèmes structurels de la ville comme le marché, la circulation, les infrastructures… On peut saluer sa capacité à réunir la foule sans faire appel à des artistes.

Véronique Nicole Rajerison est proposée par l’Union Nationale pour la Rénovation et la Refondation de Madagascar (UNRRM). C’est une association, pas un parti. Cette richissime femme d’affaires est une énigme. Elle a été une candidate malheureuse aux législatives avant de disparaître de la scène politique et médiatique. Sa présence se limite donc aux campagnes électorales. Ce qui est un sérieux handicap par rapport à ses 4 concurrentes. « Véronique » s’est montrée à l’écoute de la population. Elle promet un marché pour chaque fokontany, de construire des parkings modernes et de s’occuper de l’insécurité. C’est l’une des plus dynamiques dans cette campagne électorale.

Harilala Ramanantsoa a un peu surpris par sa stratégie. On s’attendait de grands évènements de la part de l’équipe de cette dirigeante d’une société d’évènementiel. L’Association Mada Vision n’a pas cherché à rassembler la foule dans un meeting et a choisi la proximité. Elle a tout misé sur un programme qui traite des grandes thématiques du développement urbain, comme l’embouteillage, les infrastructures routières, le respect des règles, des projets qui viennent de la base et qui peuvent être réalisés. Cette seule candidate qui a ouvert l’intimité de sa famille est fière de son parcours dans la vie. Pas de diplôme suite à un échec au baccalauréat, mais une vie active bien remplie, partie du plus bas pour se finir en success-story.

Sans faire injure aux candidats masculins, en particulier le candidat soutenu par le régime HVM, Hery Rafalimanana, la probabilité de voir un homme accéder à l’Hôtel de Ville d’Antananarivo le 31 juillet 2015 est minime. Les municipales cette année se résument à une guerre des dames. C’est aussi l’affrontement indirect entre un ancien président de la République et un ancien président de la Transition.