jeudi , 28 mars 2024
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La campagne de reboisement nationale aurait dû être un événement doublement symbolique. D’une part, elle aura permis au régime Rajoelina de se racheter une image en plantant une nouvelle forêt avec des jeunes plantes de bois de rose au milieu des habituels polonias, ranvintsara et eucalyptus. D’autre part, elle devait illustrer la solidarité dans le cadre d’une transition censée consensuelle et inclusive. Les deux objectifs n’ont pas été atteints.

Bois de rose, politique et l’impossible réconciliation

Le dossier bois de rose mine la transition. Andry Rajoelina a pris le risque de violer délibérément la feuille de route en limogeant le ministre des Eaux et forêts. C’était sans compter la ténacité du Dr Joseph Ramiandrisoa qui a rendu publics les noms des opérateurs économiques qui seraient protégés par la HAT et qu’il désigne comme étant les grands acteurs du trafic de bois de rose. Ce n’est pas non plus une réelle révélation puisque le nom de Mamy Ravatomanga, proche de Andry Rajoelina a été longtemps cité dans plusieurs enquêtes sans être inquiété.

Il appartient donc au premier ministre Beriziky de désigner le successeur de Joseph Ramiandrisoa qui, comme lui, était censé être proposé par la mouvance Zafy. Cette dernière ne s’émeut pas de l’éviction du ministre des Eaux et forêts devenu trop gênant pour la HAT et continue de le renier. Albert Zafy et ses fidèles préfèrent la voie judiciaire pour mettre fin au trafic de bois de rose qui serait organisé par le régime transitoire. Ils visent Andry Rajoelina.

La plainte déposée auprès du procureur de la République par l’ancien président Zafy a été introuvable avant que le tribunal dévoile que le dossier a été repris en main par la ministre de la Justice des TGV. Naturellement, Christine Razanamahasoa a classé l’affaire sans suite. La mouvance Zafy insiste pour savoir pourquoi.

Omer Beriziky prend ses distances envers le président de la HAT et ne semble pas enclin à fédérer les mouvances au sein du gouvernement. La mouvance Ravalomanana attend l’application de l’article 20 de la feuille de route pour le retour au pays de leur chef de file. Un retour qui commence à être envisagé dans le rang des alliés d’Andry Rajoelina qui, comme le chef de l’autorité de facto, ne veulent pas affronter Marc Ravalomanana à l’élection présidentielle.

Et pourtant, aux élections, Andry Rajoelina y pense. Il fanfaronne déjà qu’il n’ a pas peur d’affronter n’importe quelle élection. L’ancien putschiste estime que les étapes prévues dans la feuille de route ont été accomplies pour que la CENIT et les experts de l’ONU se penchent sur les élections. Prudent après de nombreux revers suite à l’annonce de date de scrutin, il se réfugie derrière la Commission électorale.

Le ministre des Relations avec les institutions est mandaté pour mettre en place un comité pour la réconciliation des malgaches. Dans cette institution de la transition, la mouvance Rajoelina aura la majorité en octroyant que 33% des sièges aux mouvances d’opposition. Ce comité sera influent dans l’application de la Loi sur l’amnistie. Pour cette dernière, la représentativité et la légitimité des deux chambres à voter par majorité ont été remises en cause par l’absence d’inclusivité et de consensus. Le cas de figure risque de se produire à nouveau. La mouvance Zafy a déjà annoncé qu’un tel comité n’est qu’un leurre et qu’elle ne va pas y participer.

Pour ce qui est de la feuille de route, la mouvance Rajoelina dit que tout va bien, ses opposants affirment que rien ne va plus. Malgré la mise en place des différentes institutions, la transition est restée unilatérale, au détriment de la réconciliation et de l’apaisement. L’inclusivité et le consensus n’étaient que de façade. Il reste encore à Andry Rajoelina à réussir à utiliser un moyen démocratique pour valider le coup d’Etat de 2009, le tout après un mandat inconstitutionnel qui a plongé le pays dans l’insécurité et la pauvreté.