jeudi , 25 avril 2024
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Le monde rural est toujours pauvre. On y conduisit des programmes et on injecta des fonds, mais rien n'y fit. Le problème et la solution résident dans le paysan.

Développement rural,

Les ruraux sont demeurés pauvres, dans la majorité des cas dans leur isolement, dans leurs activités de subsistance et d’autoconsommation. Les stratégies de développement se sont confinées aux paysans modèles ou aux sites pilotes uniquement. La riziculture irriguée, le repiquage en ligne, l’usage d’intrants agricoles ou de pesticides sont réduits à des échantillonnages qui bordent des routes nationales, sinon qu’ils sont le monopole des grands périmètres rizicoles, tel le Lac Alaotra, la plaine de Marovoay ou le Vakinankaratra. L’élevage intensif et rationnel sont des oasis de modernité au milieu d’un désert infesté de brigands, sauf dans les zones périphériques des grandes agglomérations. Et pour cause!

Ces dernières années, on sollicite la participation des paysans aux discussions pour l’établissement et la mise en oeuvre de stratégies mieux appropriées. Un espoir d’amélioration de la qualité de vie dans le monde rural est permis grâce à divers programmes: pistes rurales, transport et télécommunications. Associés aux travaux réalisés par l’INSTAT, tout cela affinera vraisemblablement les méthodes d’approche du monde rural.

La montre, pour valoriser les activités

L’Emploi du Temps 2001 rendu public récemment offre par exemple les cannevas ou les créneaux « libres » pour lesquels les paysans sont disponibles ou disposés, ne serait-ce que pour écouter les conseils des développeurs. Si ailleurs, le temps vaut de l’or, ici, on a tendance à croire ou on laisse entendre que le temps n’a aucune valeur. Une observation et une analyse de l’emploi du temps du paysan, montrent pourtant le contraire: aucun temps mort.

La simultanéité et la multiactivité sont permanentes dans sa journée de plus de 24h. Le campagnard est tout à la fois agriculteur et éleveur. Il est sans le paraître le conseiller juridique et/ou administratif, et chef de ménage. Il est l’agent économique, le patron et le domestique, mais aussi le consultant. Responsable d’association, il est aussi quartier mobile (agent de sécurité) et secrétaire rapporteur.

C’est au milieu des champs, en plein labour qu’on l’interrompt pour lui demander des nouvelles de sa visite au chef
lieu de la commune. Un autre l’interpelle en plein semi pour s’enquérir des semences qu’il utilise; et tout ce que cela provoque d’échanges de vues et d’expériences. Un paysan rentre du marché et il arrête son travail pour lui demander des nouvelles sur le litige foncier dans lequel il est impliqué et lui demander des conseils. Un éleveur conduit son bétail pour le faire paître et il discute, du prix de la vache qu’il vient d’acheter, des avantages et des contraintes mais aussi des feux de brousse et des « dahalo », tout en partageant le « paraky » ou le tabac à chiquer.

Un lieu de vie et de travail

En fait, le monde rural dans son intégralité est vécu par le paysan comme étant à la fois, un lieu de vie et un lieu de travail avec tout ce que cela engendre de confusion dans les rôles et les activités tout en étant centré sur l’homme et son lopin de terre. Des parents arrivent de loin dans la nuit et aussitôt des poulets et/ou un porc sont abattus malgré la nuit. Le lendemain, on cueille des feuilles de manioc ou on déterre ses pommes de terre ou autres légumes pour honorer ses hôtes. Tout cela s’effectue sans considérer que son exploitation en souffre ni comptabiliser le manque à gagner.

Quoi qu’il en soit, le paysan travaille entre 8h20mn et 9h40mn par jour et se repose entre 13h10mn et 13h15mn. Il consacre entre 6h10mn et 7h40mn aux activités économiques dont près de la moitié ne sont pas valorisées car elles seraient des activités économiques hors marché. 30 à 35mn sont allouées au portage de l’eau ou au ramassage du bois domestique. Les activités réellement domestiques l’occupent pendant 3h30mn pour la paysanne et 40mn pour son conjoint.

En somme, ils passeraient beaucoup de leur temps à se prélasser et à discuter diront certains en notant les seuls 27mn que le paysan consacre à l’agriculture et les 22mn à l’élevage. Les palabres par contre les mobilisent pendant 29mn, la vie sociale 1h10mn à 1h50mn dont 35 à 50mn pour les visites et les cérémonies (religieuses et traditionnelles).

RAW