jeudi , 25 avril 2024
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Le salon de l’emploi organisé par la représentation de l’Organisation International du Travail (OIT) a été pris d’assaut par les visiteurs. Le premier jour, quelque 2000 jeunes se sont rués à l’hôtel Carlton, attirés par l’annonce d’un millier d’offres auprès des exposants. La crise politique a aggravé le recul de l’emploi à Madagascar.

Emploi : un salon pour marquer la relance

Depuis 2008, il y a une réelle crise de l’emploi qui a été aggravé par la dégradation de la situation économique suite au changement extraconstitutionnel de gouvernement. L’OIT estime à 200 000 le nombre d’emplois qui ont été perdus à Madagascar. Les secteurs les plus touchés sont le tourisme, le bâtiment et le commerce. L’hôtellerie et la restauration constituent la majeure partie des 503 entreprises qui ont jusqu’ici décidé de mettre leur personnel au chômage technique. L’enlisement de la crise politique a fait que la période légale de six mois a été prolongée pour nombre d’entre elles.  

Christian Ntsay, représentant de l’OIT à Madagascar affirme que l’impact de la crise politique s’est fait ressentir au niveau des emplois. « L’essentiel aujourd’hui, c’est le rapprochement entre le secteur privé et le nouveau gouvernement afin de relancer l’emploi », dit-il. L’ancien ministre du Tourisme estime que la reprise ne peut se faire sans la création d’un nombre conséquent d’emplois sur le marché. « Les chômeurs n’ont plus le temps d’attendre, l’emploi est très important dans la stratégie de sortie de crise », conclut-il.

Au salon de l’emploi, les offres existent réellement. Les quelques entreprises et les nombreux cabinets de recrutement présentent 1000 postes à pourvoir dans l’immédiat. Les chasseurs de tête en profitent pour donner des conseils pour faire une demande d’emploi efficace, allant de la rédaction du CV jusqu’à l’entretien. « Il arrive que de très bons candidats sont écartés car il ne maîtrisent pas cette étape alors qu’ils ont la connaissance et le savoir-faire nécessaires pour être les meilleurs », note un consultant prêchant auprès de jeunes visiteurs très attentifs.

A Anosy, les demandeurs d’emploi se bousculent pour entrer dans la grande salle du Carlton qui paraissait du coup étroite. « Le choix de cet endroit est plus que discutable, or les organisateurs sont conscients de la forte demande actuellement puisqu’ils espèrent 20 000 visiteurs », rouspète  Hanitra, une jeune comptable de 23 ans. « J’ai fait un stage de six mois avec promesse d’embauche, poursuit-elle. A cause de la  crise, le DG vient de m’annoncer qu’il ne me gardera finalement pas».

L’autre actualité de l’emploi a été la décision du ministère du Travail de geler le placement de jeunes femmes malgaches pour des emplois de domestique au Liban suite au décès suspect de Mampionona, 21 ans. Pas question toutefois de rappeler celles qui sont déjà parties.

Le ministre du Travail et des Lois Sociales a aussi fait parler de lui en faisant une visite surprise à l’entreprise Sheritt à Ambatovy. William Noelson a demandé une enquête pour contrôler les conditions du travail des nationaux et des ouvriers étrangers ainsi que le respect des réglementations. Résultats, des entorses aux textes en vigueur sur la protection sanitaire et la prévoyance sociale ont été constatées, il n’y a pas de délégué de personnel… Pour une entreprise privée censée être le premier employeur du pays, ce n’est pas bon signe.