Isoanala, une mine de richesses bloquées

Pour arriver jusqu’à Antananarivo, le voyageur d’Isoanala doit préparer au moins 150 000 fmg ( 23 euros environ si un euro équivaut à 6590 fmg), hors bouffe et sans parler des aléas des aventures en cours de route. En saison sèche le trajet Isoanala Antananarivo s’effectue en 3 jours tandis qu’en période de pluies il prend une semaine. Le transport de marchandises entre Isoanala et Ambovombe, deux localités du Sud de Madagascar, éloignées de 180 km l’une de l’autre, vaut 350 fmg/kg (0,053 euro) par kilomètre. Pour joindre en camion ou en voiture 4×4 Isoanala à Betroka, 80 km, le voyageur doit débourser 30 000 fmg (4,5 euros).

Isoanala est une commune rurale du fivondronana de Betroka que la Route nationale 13 dessert à partir d’Ihosy sur près de 235 km. Le vrai calvaire sur le parcours Betroka Isoanala est constitué par la portion d’une quinzaine de kilomètres avant d’arriver au chef lieu de la commune. Sans les services des tracteurs de la Mission catholique nous indique-t-on, aucun échange ne peut être envisagé en période de pluies. Or Isoanala est très grande productrice de denrées alimentaires diverses. C’est un grenier à riz et autres légumineuses qui se permet de ravitailler les six fivondronana de la partie Sud de Madagascar, dont Betroka, Ambovombe, Ihosy. Riz, arachide, manioc sont les principaux produits agricoles écoulés sur le marché intérieur. Quant aux oignons, ils sont généralement exportés vers les îles de l’Océan Indien. Isoanala, comme les autres communes de la région, est également une zone d’élevage de zébus. Mais ce qui le distingue c’est qu’il peut transformer sur place certains produits; il est doté de quelques unités industrielles: rizerie, huilerie etc.

Un conseiller communal confirme les plaintes des habitants de la commune qui, depuis 20 ans, subissent malgré eux cet isolement néfaste. Aucune communication téléphonique, aucun réseau de téléphonie mobile sauf la radio BLU de la Gendarmerie nationale. De l’avis de l’opinion publique d’Isoanala, quelques individus, dont le Maire Ramisaona Manoela et le député Bruno Rabearison bloquent l’épanouissement de la commune. Il fut un temps où un prêtre catholique, le Père Bruno, a voulu électrifier la commune pour un montant de 10 milliards fmg (1 517 785 euros), mais les autorités lui ont refusé l’autorisation. La même mission catholique, très active d’ailleurs, a construit voici 2 ans un bloc opératoire complet mais jusqu’à tout récemment, il n’a pas ouvert ses portes faute d’une autorisation du ministère de tutelle suite à un avis défavorable sans doute ou à un blocage du dossier quelque part. On soupçonne le Maire et le député de combine car ils auraient toujours réussi à étouffer les plaintes des habitants d’Isoanala maintenus dans l’ignorance et l’isolement.

RAW