vendredi , 19 avril 2024
enfrit
L'acquisition d'un avion de marque Boeing par l'Etat malgache a surpris et a suscité des commentaires; cela n'empêche, l'appareil est déjà en service.

L’avion présidentiel soulage Air Mad

Pour mettre un terme aux remarques plus ou moins pertinentes à propos de l’avion présidentiel, le pouvoir a pris les taureaux par les cornes. Il a mobilisé le porte-parole de la Présidence et le ministre des Finances et du Budget et la presse pour éclairer l’opinion à ce propos. Plus qu’un éclairage, ce fut une séance de persuasion sur le bien fondé de l’achat impromptu tout en prenant soin de ne pas attirer l’attention sur l’ancienne discussion entre Boeing et Airbus.

C’est un avion acheté pour le compte de l’Etat sur prélèvement de fonds du PIP (Programme d’investissements publics) pour une partie et sur une avance de la Banque centrale pour une autre partie. Les bailleurs de fonds sont en connaissance de cause. Le Boeing 737-300 peut encore servir pendant 30 ans et il a été réaménagé pour accueillir 101 passagers. Il a coûté 11 millions USD, soit 74,8 milliards fmg cash; une aubaine, une « très bonne occasion ».

Premier appareil appartenant à l’Etat, ce B 737 présidentiel ne peut être que le premier de toute une flotte qui se constituera progressivement au gré des opportunités d’acquisition, si l’on en juge à la manière dont il a été présenté. Le ministre des Finances et du Budget s’est effectivement étalé sur les avantages comparatifs d’un tel achat, notamment sur les modalités d’achat au comptant au lieu de l’achat à crédit car il aurait pu coûter 15 millions USD. Il a mis en exergue les différences énormes des coûts d’exploitation si on devait utiliser les appareils de la compagnie nationale Air Madagascar. Sans parler des désagréments occasionnés chez les clients d’Air Mad et ce que cela provoque comme réactions négatives à l’encontre du régime et du gouvernement. Plus qu’un luxe, l’appreil et son acquisition ont été présentés comme un investissement des plus productifs et des plus économiques. Son exploitation est des plus rentables car au bout de trois ans et à raison de 30 heures de vols par mois, son prix total est amorti.

Des appareils plus appropriés à l’avenir

Quand on sait que l’une des principales raisons des difficultés de la compagnie Air Mad est l’abus des dirigeants qui excellent dans les transports gratuits aussi bien de passagers que de marchandises, on mesure l’économie qu’une telle acquisition engendre. Les dettes de la compagnie aérienne nationale non recouvrées et/ou le manque à gagner d’Air Mad auprès de l’Etat malgache pour diverses raisons, entre autres les Bons Spéciaux de Transport de passagers, et/ou de marchandises, s’élèvent à environ 25 millions USD, selon certains. D’autres avancent le chiffre de plus de 217 milliards fmg, soit plus de 30 millions USD.

Quoi qu’il en soit, on est fixé sur deux choses. D’une part, le Boeing 737 présidentiel épargnera désormais la compagnie nationale des risques d’endettement, d’autant que les billets gratuits ont été abolis par l’actuel ministre des Transports. Un parc de petits appareils appartenant à l’Etat, avions et hélicoptères plus appropriés aux sauts de puce, ne peut pas ne pas exister et on s’attend à une guéguerre entre firmes de constructeurs, sud-africaine, autrichienne, française, allemande, ect. D’autre part, les dirigeants devront dorénavant changer de comportement en utilisant cet avion présidentiel car il fonctionnera de manière rationnelle comme dans le secteur privé. Tel est l’avis d’un jeune cadre d’entreprise, qui s’insurge contre les écarts de comportements des ministres ou autres autorités lors de leurs missions hors de la capitale aux frais de la princesse et sur le dos des opérateurs et des jeunes filles de la place.

La première sortie de cet appareil aura donc été cette mission présidentielle du 20 septembre 2002 dans la région de la SAVA (Sambava, Antalaha, Vohémar, Andapa), dans le Nord-Est; une région qui a fortement souffert de la crise et qui continue d’être victime des actes de brigandages à caractère économico-politique. Vols de vanille déjà préparée succèdent aujourd’hui aux vols de vanille sur pied et se conjuguent au terrorisme perpétré par des milices rebelles toujours en cavale. Sans parler des pénuries de carburants relevées par le reporter de la Radio nationale qui faisait partie de la mission.

RAW