vendredi , 19 avril 2024
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Hery Rajaonarimampianina n’a pas la grâce ni l’élégance de Barack Obama, mais peut tenir la comparaison avec François Hollande. Ses premiers pas en tant que président de la République n’ont pas vraiment amélioré son image. Il ressemble plus à un comptable qu’à un président de la République…

Un président dans le costume d’un expert comptable !

La démarche mécanique au pas militaire sur le tapis rouge, il a passé en revue les troupes avec peu d’assurance. Son physique n’est pas de ceux qui mettent en valeur un costume sur mesure. Ses détracteurs soulignent son manque de charisme alors que nombreux sont ceux qui apprécient sa simplicité. Il n’est pas aussi populaire que ses prédécesseurs. Le nouveau président a d’autres qualités.

Des études brillantes et une carrière classiques

Agé de 55 ans, Hery Rajaonarimampianina est un intellectuel. Ses compétences en économie et en sciences comptables rassurent les citoyens, les bailleurs de fonds et les acteurs économiques. Il a fait ses études à l’Université d’Antananarivo jusqu’en maitrise, filière Science Economique en 1982. Il les a continuées au Canada, à l’Université des Trois Rivières – Québec, par un DEA en Science comptables en 1986 avant de décrocher le Certified General Accountant’s Association (C.G.A), le diplôme qui fait de lui un Expert comptable, toujours au Canada en 1991.

Grâce à ses brillantes études, le CV de Hery Rajaonarimampianina est correct sans être impressionnant. Pas de succès story ni de fonction majeure avant sa nomination au poste de ministre des Finances et à la présidence du CA de la compagnie Air Madagascar. Son titre de président de l’Ordre des Experts Comptables est plus honorifique. C’est le métier qu’il a exercé en parallèle avec des postes dans l’enseignement. En 1995, il a fondé un cabinet d’expertise comptable et de commissariat aux comptes.

Un candidat surprise

Hery Rajaonarimampianina a été comme une étoile filante, un candidat surprise sorti du chapeau par la magie de la CES et de la médiation internationale qui essayaient d’apaiser la frustration des trois candidats Didier Ratsiraka, Lalao Ravalomanana et Andry Rajoelina. Officiellement, il représente deux autres candidats qui ont été les victimes collatérales des évictions, à savoir Kolo Roger et Jules Etienne. Ces deux membres de la diaspora n’ont pas de base électorale dans le pays hormis dans leur région.

Un président mal élu ?

C’est grâce à une machine de propagande implacable et l’aide discrète de l’audiovisuel public que le Hery Vaovao est arrivé deuxième à l’issue du premier tour. Il a gagné le second par une dévotion sans précédente de la TVM et de la RNM, des moyens financiers illimités, l’implication des représentants de l’Etat et de l’Administration qui avaient pour mission de le faire élire.

Ni la CES ni la CENIT n’avaient empêché ces mauvaises pratiques électorales d’avoir lieu. Comme au premier tour, on ne peut pas dire que Hery Rajaonarimampianina a fraudé, quelqu’un d’autre s’en est chargé pour lui. Même les cas de délégués ayant fait campagne le jour du scrutin ou acheté des voix n’ont pas été sanctionnés.

Les langues commencent à se délier pour dénoncer la pression sur les représentants de l’autorité ou leur rémunération pour faire élire le candidat de l’Etat. De telles pratiques avaient toujours existé et les institutions ou autorités électorales n’avaient rien à dire pour les scrutins de 2013.

Pas de preuves, pas de fraudes

La présence supposée des délégués des candidats dans les bureaux de vote suffirait pour donner du crédit aux documents électoraux qui ne montrent pas d’irrégularité. Impossible de prouver la fraude a posteriori quand elle n’a pas été constatée et signalée.

« Les fraudes électorales n’existent pas, la cour a jugé en toute impartialité et a respecté le choix du peuple, elle a appelé à respecter ce choix », déclarait Hery Rajaonarimampianina juste après l’annonce officielle de sa victoire. Ce qui l’a fait élire ? C’est « la protection divine et la confiance du peuple ». « C’est la victoire du peuple malgache, le triomphe de la démocratie », avait-il ajouté.