vendredi , 19 avril 2024
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C’est une cause perdue. Le candidat de la mouvance Ravalomanana n’aura pas pu prouver les fraudes massives qui l’avaient lésé lors du second tour de l’élection présidentielle. La crise post-électorale de 2002 n’a pas servi de leçon à la Cour électorale qui refuse la confrontation des PV des bureaux de vote et le recomptage des voix. La morale de l’histoire est ceci : on ne peut pas prouver des fraudes, car les preuves en font partie, il fallait les empêcher d’avoir lieu avant et le jour du scrutin.

Vérité des urnes : la grande désillusion de Jean Louis Robinson

La Cour électorale spéciale montre autant de suffisance que la CENIT l’avait fait. Pas de place à la critique ni aux suggestions. Ces institutions de la transition ne jurent que par la loi et les preuves qu’on leur a fournies, sans se soucier des faits et des violations de ces mêmes lois. Il ne reste plus qu’à espérer que les fraudes électorales lors du scrutin du 20 décembre 2013 n’auraient rien changé au résultat. Que les voix fictives ou détournées en faveur du candidat vainqueur ne dépassent pas les 135 000.

Jean Louis Robinson s’est battu jusqu’au dernier moment pour avoir une confrontation des Procès-verbaux, lui qui affirmait être le vainqueur avec 52,87% selon les documents électoraux recueillis par son quartier général. L’émissaire envoyé pour faire du lobbying auprès de la SADC est revenu bredouille. L’organisation régionale cautionne la CES et invite les acteurs à accepter les résultats officiels.

Entretemps, l’équipe juridique de Hery Rajaonarimampianina est passée à l’attaque. La théorie de la liste avec moins d’électeurs qu’au premier tour dans certains districts n’est qu’une « affirmation gratuite ». Au contraire, il y avait plus d’électeurs. La distorsion de la liste électorale dénoncée par la plate-forme pro-Robinson parlait d’électeurs fantômes dont le nombre pourrait atteindre les 400 000.

La confrontation demandée par le candidat du parti Ny Avana concerne les bulletins de vote utilisés et non utilisés lors du scrutin. Si la CENIT n’a pas à le faire, la requête était légitime auprès de la CES. « Il y a des tas de plis électoraux qui n’ont pas été ouverts », regrette Jean Louis Robinson. Et ils ne le seront pas. « Nous demandons à la communauté internationale, la SADC et les ambassades à Antananarivo de faire pression sur la CES pour que cette dernière ne fasse pas une proclamation hâtive des résultats officiels », insiste le candidat. Cela va pousser la cour électorale à aller au-delà du délai imposé par la loi, le 18 janvier 2014, pour la publication des résultats.

La CES n’a pas non plus tenu compte des suggestions des « experts électoraux », un groupe de la société civile. Elle veut décider selon la loi. La bataille semble perdue pour Jean Louis Robinson. Les fraudes commises autour de ce second tour des présidentielles sont bien couvertes par la loi. Elles ont été commises au grand jour sans une autorité électorale pour l’arrêter. Les autorités administratives et politiques ont pu imposer tranquillement leurs ordres pour faire élire le candidat de l’Etat.

Hery Rajaonarimampianina a gagné avec 70% dans les régions où les fraudes sont faciles à réaliser, mais restent difficiles à prouver a posteriori. A la veille de la proclamation des résultats par la CES, il tente de convaincre son adversaire d’accepter le verdict des juges. Jean Louis Robinson exige celui des urnes. Il annonce le lancement du fameux Comité pour la défense du choix du peuple. Cela signifie la non-reconnaissance du président de la République mal élu et l’entrée dans une phase de résistance. La crise postélectorale commence officiellement !