mardi , 30 avril 2024
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Un an après la tragédie d'Ambohitsorohitra, les plaies ne sont pas entièrement fermées. Une cinquantaine de personnes avaient trouvé la mort lors de la tentative de prise du palais présidentiel par le gouvernement insurrectionnel et les partisans du TGV. L'anniversaire de cette date a montré la discorde entre les deux leaders du mouvement populaire d'alors mais aussi au sein de l'association des victimes.

07 février : les sacrifiés attendent encore justice

A Ambohitsorohitra, le stèle en l’honneur et à la mémoire des victimes de la fusillade du 07 février 2009 impose sa présence. La commémoration du premier anniversaire a été organisée sur le même lieu. Au programme, un culte œcuménique, le dépôt de gerbe par le président de la HAT et la parole aux victimes. Pour Andry Rajoelina, le dossier du 07 février n’est pas une affaire classée. « Tous les responsables seront poursuivis par la justice », clame-t-il. Le ministère de la Justice ne s’est pas encore servi de cette affaire délicate pour épingler les tenants de l’ancien régime. Officiellement, les enquêtes sont en cours.

Le 07 février 2009, les manifestants qui demandaient le renversement du président Marc Ravalomanana ont fait le déplacement d’Analakely, là où se trouve la place du 13 mai vers Ambohitsorohitra. L’objectif était de prendre possession du palais présidentiel afin de donner un symbole institutionnel au gouvernement insurrectionnel de l’époque. En effet, Andry Rajoelina, autoproclamé président de la Haute autorité de la transition a indiqué le palais présidentiel d’Ambohitsorohitra comme le lieu de travail de son gouvernement qui était encore dans la rue. Le « premier ministre » Monja Roindefo était alors à la tête de la foule pour tenter de prendre possession du palais.

L’ancien premier ministre de la transition a marqué encore plus sa distance entre lui et Andry Rajoelina. Monja Roindefo a voulu rendre hommage aux victimes du 07 février pour exprimer ses sentiments en dehors de toute cérémonie. « J’ai participé directement à l’histoire », revendique-t-il, rappelant que Andry Rajoelina n’a pas été à Ambohitsorohitra pour mener « la lutte populaire pour le changement ».

Andry Rajoelina a envoyé son compère au charbon. Après que les choses aient mal tourné, tout le pays a été bouleversé les larmes, d’un jeune homme complètement bouleversé. Il n’a pas compris pourquoi une telle répression pour défendre quatre murs. En effet, le président Ravalomanana n’était plus dans le palais d’Ambohitsorohitra, retranché à Iavoloha. Le chef de l’Etat de l’époque avait promis la mise en place d’une commission d’enquête indépendante pour tirer au clair cette fusillade. Il avait affirmé que les tirs qui ont fait des victimes venaient surtout des hauteurs des bâtiments environnants mais pas du palais présidentiel. Mais qui a tiré ? Les deux camps se rejettent la responsabilité.

Les responsables de la sécurité présidentielle avaient publié un rapport selon lequel seulement 18 coups de feu ont été tirés du palais. De plus, la plupart de ces tirs étaient dirigés vers le bas, à preuves les projectiles qui ricochaient sur le bitume. Marc Ravalomanana avait affirmé que les tireurs postés dans les hauteurs n’étaient pas de la garde présidentielle. La présence discrète de militaires étrangers censés protéger les intérêts de leurs ressortissants semaient encore plus le trouble.

La HAT s’est montrée reconnaissante envers les martyres qui l’ont aidée à prendre le pouvoir. Une indemnisation de 200 000 ariary par mois est octroyée aux victimes ou à leur famille jusqu’à la fin de la période de transition. Cette manne financière serait le motif du différend entre le président désigné et le président élu de l’association. « J’ai été bien élu en septembre 2009 mais pas à 100% », dit Bona Jean Pierre Rafaramandimby pour expliquer les sifflets à son encontre lors de la cérémonie d’Ambohitsorohitra. Selon lui, son prédécesseur aurait promis à des gens de les inscrire comme membres. Etienne Andriamahefarisoa prétend lui bénéficier du plébiscite des membres. « C’est qui le président de l’AV 7 », demande-t-il à ses partisans devant les journalistes. « C’est vous », répondent les concernés. Bizarrement, c’est celui qui n’a pas été élu qui prétend avoir le plébiscite des « électeurs ». C’est  tout à fait dans l’air du temps.