jeudi , 2 mai 2024
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Le souvenir du 07 février 2009 serait-il le seul motif de légitimité de l’autorité de fait qui a conquis le pouvoir par un coup d’Etat militaro-civil. La propagande est passionnée et volontairement manipulatrice au point de renoncer à toute crédibilité. Trois ans plus tard, la responsabilité des putschistes qui ont sacrifié des militants pour discréditer le pouvoir de l’époque n’est plus un sujet tabou.

07 février : récupération politique et mobile du crime

Le procès politique orchestré par la HAT a attribué la responsabilité de la tuerie lors de la tentative de prise du Palais présidentiel au Président Ravalomanana. Ce dernier a toujours nié avoir donné un quelconque ordre de tirer sur la foule. Dans sa propagande pour faire passer les anciens présidents pour des assassins, la HAT a maladroitement plaidé pour la cause de Marc Ravalomanana.

En effet, elle a diffusé dans son spot sanguinaire la voix de l’Amiral Ratsiraka donner l’ordre à des militaires pour repousser la foule qui a marché sur le palais présidentiel d’Iavoloha, le 10 août 1991. « Poursuivez-les… Tirer dans les jambes s’il le faut… quitte à faire quelques blessés ». Ce qui est assez maladroit puisque les téléspectateurs retiennent que Didier Ratsiraka a évité à ce qu’il y ait des victimes. Une trentaine de morts ont été recensés ce jour-là. Le nombre de disparus est resté un mystère.

En 2009, les TGV ont tenté de rééditer le 10 août en plein mois de février pour discréditer le président Ravalomanana. La manœuvre n’était pas un secret, l’entourage du président de l’époque, dont Manandafy Rakotonirina avait dénoncé le plan du maire d’Antananarivo. Le 07 février, l’inévitable s’est produit. La prise du palais s’est terminée par un bain de sang. 48 morts et quelque 200 blessés.

Fusillades à Ambohitsorohitra, le mystère

Pour les politiciens qui ont mené la foule pour prendre d’assaut le palais présidentiel, les tirs ont commencé alors que les militants n’étaient pas arrivés au portail. La légitime défense aurait été acceptée 10 mètres plus loin, sur une ligne imaginaire de la zone rouge. Les militaires n’ont pas fait de sommation à la foule, mais juste aux leaders qui n’auraient pas eu le temps d’avertir leurs partisans. Les militants qui étaient au premier rang se sont rués vers le portail face à l’échec de la négociation.

Les premiers tirs venaient du palais. Ils n’étaient pas nombreux et visaient surtout le sol. On voyait les balles ricocher sur la bitume. Le président Ravalomanana a affirmé que 18 coups de feu ont été tirés par les gardes qui protégeaient le palais. D’où provenaient alors les tirs qui faisaient des dizaines de morts et des centaines de blessés.

La présence de tireurs postés dans les hauteurs des bâtiments environnants a été avérée. Etaient-ils des gardes présidentiels ou au contraire des militaires proches des TGV. Les deux camps s’accusent. La présumée présence de militaires étrangers armés ce jour-là n’a pas été clarifiée. Ils auraient été chargés de protéger des bâtiments privés dans ce quartier d’affaires.

Andry Rajoelina n’était pas à Ambohitsorohitra le 07 février 2009. Il s’est contenté de faire le « sale travail » à son premier ministre, chef du gouvernement insurrectionnel à l’époque, pour mener la prise du palais en compagnie du général Dolin Rasolosoa. « On ne pouvait savoir d’où provenaient les tirs », témoigne aujourd’hui Monja Roindefo. Il relativise le dossier 07 février qui est la dernière arme  utilisée par les TGV pour contrer le président Ravalomanana dans le cadre de la feuille de route de la transition. « En tant que chef du gouvernement à l’époque, je n’ai pas ordonné une enquête ni ai reçu un rapport. Ce n’était pas une enquête officielle ».

Pour Andry Rajoelina, peu importe le mobile. La tuerie du 07 février reste la seule justification qui reste de son pouvoir et l’arme ultime pour empêcher le retour du président Ravalomanana. « Il ne doit plus gouverner, nous n’allons jamais accepter l’impunité » s’est-il adressé à ses partisans.

La plate-forme des associations pro-Ravalomanana conteste. « Il n’y a pas de preuve selon laquelle l’ancien président a donné l’ordre de tirer comme c’était le cas avec Ratsiraka en 1991… La responsabilité revient à Andry Rajoelina qui a poussé la foule à aller à Ambohitsorohitra ». Pour chercher le coupable, ils demandent à ce que l’on prenne en compte le mobile du crime, surtout qu’il y a préméditation de faire de nombreuses victimes. A qui a profité la tuerie du 07 février 2009 ?