mardi , 21 mai 2024
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Si l’ambassade de France à Madagascar a voulu marquer le 14 juillet par l’apaisement politique et l’amitié entre les deux pays, ce serait encore raté cette année. La non reconnaissance du régime Rajoelina ni la non condamnation de celui-ci amènent les mouvances politiques à « boycotter » la cérémonie de la fête nationale française.

14 juillet : tout le monde fait la tête à la France ?

L’établissement de la liste des invités a dû être un casse-tête pour l’ambassade de France qui s’apprête à célébrer le 14 juillet dans un climat quelque peu tendu. Si la HAT a été officiellement invitée, cela devrait être un signe sur la position de Paris que les parties malgaches espèrent voir clarifiée. Ce qui n’est pas encore le cas. 

Le premier ministre de la transition a jeté un pavé dans la marre en déclarant que les membres de la HAT et du gouvernement iront à la résidence de France à titre personnel. Monja Roindefo justifie cette position inattendue par le souci de ne pas embarasser davantage la France. Il n’y aura donc pas de discours officiel. 

L’ambassade a voulu mettre toutes les mouvances sur le même pied d’égalité. Inviter le « premier ministre » des légalistes a été un acte politique courageux. Est-ce une pression sur la HAT afin de faire libérer le vieux prisonnier politique de 73 ans.

Toujours dans les rangs des légalistes, les députés et les sénateurs ont été conviés. Ces derniers ont alors manifesté leur intention de ne pas honorer l’invitation à moins que la France ne clarifie sa position. Les leaders du mouvement partisan du président Ravalomanana ont espéré une condamnation du changement de pouvoir constitutionnel et de la transition de fait.

Bref, la France ne reconnaît pas et ne condamne pas non plus. Ce qui lui vaut le mécontentement de tout le monde. La HAT a toutefois moins de raison d’en vouloir à la France qui a toujours été un allié fidèle quand elle pouvait le faire. La coopération décentralisée entre collectivités, la coopération militaire, les aides humanitaires ont été mises en avant durant cette période de flou diplomatique.

Le régime Rajoelina ne peut espérer plus de Paris qui a les mains liées tant que l’Union Européenne ne le reconnaisse ou ne juge crédible sa feuille de route vers le retour à l’ordre constitutionnel. Dans le dialogue politique qui s’est tenu à Bruxelles, la HAT a été livrée à elle-même sans qu’elle ne bénéficie de l’appui tant espéré de la France.

Lors de la cérémonie du26 juin, l’ambassadeur français a été absent comme tous les autres représentants diplomatiques à Madagascar. La France a été toutefois fortement représentée à Mahamasina, avec notamment plusieurs hauts gradés de l’armée. Pour ce qui est des cérémonies de célébration de la fête nationale, l’ambassadeur Châtaigner peut s’inspirer de deux exemples différents : celui des Etats-Unis qui n’a pas invité les personnalités politiques, celui du Sénégal qui a convié toutes les mouvances.
 
Pour la deuxième année consécutive, l’ambiance du 14 juillet risque d’être lourde. En 2008, l’ambassadeur Gildas Le Lidec a fait un coup d’éclat en dévoilant au grand jour son amertume. Il a été affecté, n’ayant jamais été « reconnu » par le président Ravalomanana. Son successeur n’a débarqué que lorsque Andry Rajoelina a pris le pouvoir. Jean Marc Châtaigner n’a pas encore présenté sa lettre de créance à un « président » que son pays ne peut reconnaître comme tel.