samedi , 27 avril 2024
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Les vins du terroir peinent encore à être adoptés par les Malgaches eux-mêmes, la faute sans doute à la grande popularité de la bière historique du pays et des cuvées de rhum aux prix accessibles. Concurrencés sur le marché par les vins importés de l’Afrique du Sud, les cuvées de Lazan’i Betsileo, Clos Malaza, Soavita ou de Maromby méritent d’entrer dans les habitudes de consommation des Malgaches pour ne plus se contenter des dégustations des touristes qui en achètent quelques bouteilles pour les ramener chez eux.

A la découverte du vin et des vignobles Betsileo

Les terroirs malgaches se trouvent principalement dans la région Haute Matsiatra, autour de Fianarantsoa et d’Ambalavao. On y retrouve des conditions climatiques idéales. Ce sont les Français et les Suisses qui y ont implantés les premiers vignobles au 19è siècle avec des cépages de raisins blancs et rouges au goût fruité et prononcé. Un immigrant chinois dénommé Chan Foui les a imités, créant l’une des plus anciennes caves à vins du pays.

Le domaine du Lazan’i Betsileo a retrouvé son prestige d’antan après avoir été confronté à de multiples changements de dirigeants. Il est connu pour la variété de ses vins, proposant du rouge, blanc, gris, avec des textures différentes dont le moelleux et le mousseux. On apprécie son vin apéritif qui commence à entrer dans les mœurs.

La propriété de Clos Malaza est l’autre grand fabricant du pays. A Fianarantsoa, le monastère de Maromby perpétue la tradition des moines dans la fabrication de vins. Le domaine a son propre vignoble. C’est une étape incontournable sur la route du vin, un circuit touristique souvent proposé par les tours operators. La cave de Soavita y figure également.

Les cépages des vignobles malgaches sont bien plus nobles que ce que l’on retrouve dans les bouteilles des produits sud-africains qui inondent le marché local. La capacité de production reste limitée. Une grande société vinicole comme Lazan’i Betsileo ne produit que 800 tonnes de raisins par an pour fabriquer 500 000 litres de vin. La fabrication respecte la tradition avec des raisins foulés au pied.

Lazan’i Betsileo tire son épingle du jeu depuis sa renaissance il y a une quinzaine d’années. En 2003, le domaine a été distingué par le Golden Europe Award for Quality et le New Millenium Award à Paris. Le terroir perché à 1200 m d’altitude, bénéficiant d’un très bon ensoleillement et d’une hygrométrie idéale y est sans doute pour quelque chose. Il intéresse même les investisseurs chinois qui y louent des parcelles de vignobles.

Le secteur vinicole en général fait pourtant face à certaines difficultés. On reproche aux domaines vinicoles malgaches d’être pauvres en diversité. La bouteille est un problème récurrent à cause de l’absence d’une verrerie dans les régions productrices. Au moins, la récupération est une nécessité qui a le mérite d’être écologique.

Des connaisseurs se plaignent de la dégradation trop rapide de certains produits qu’ils ramènent en France. La faute serait au manque de conservateur comme le bioxyde de soufre. La création d’un laboratoire agréé par l’Office international du vin et la mise en place d’une législation spécifique sont attendues pour recadrer le secteur. Les cépages pourtant de grande qualité ne sont pas assez mis en valeur dans le processus de vinification et de mise en bouteille. Quoi qu’il en soit, les domaines de la région Betsileo méritent le détour.