samedi , 4 mai 2024
enfrit
Arrivé il y a moins d'une semaine, le nouveau pouvoir du "maître de Madagascar" semble encore bien virtuel. Alors qu'il multiplie les communiqués marquant sa détermination, il est de plus en plus isolé, rejeté par la communauté internationale et déjà critiqué par la population qui manifeste désormais quotidiennement dans les rues.

A Madagascar, Andry Rajoelina, plus jeune putschiste du monde est déjà isolé

Il y a un peu plus de deux semaines, la mutinerie d’un camp militaire faisait pencher la balance du côté d’Andry Rajoelina, principal meneur d’un bras de fer avec le Président Ravalomanana depuis décembre 2008. Lundi dernier, 16 mars, le Président Ravalomanana était forcé de passer le pouvoir à un directoire militaire. Celui-ci tombait le lendemain dans un guet-apens et devait à son tour transmettre le pouvoir entre les mains d’Andry Rajoelina. Ce dernier a profité de ces premiers jours de pouvoir pour remanier la Haute Cour Constitutionnelle, destituer les chambres (sénat et parlement) et libérer une quarantaine de politiciens condamnés pour tentative de coup d’Etat, meurtres ou atteinte à la sûreté intérieure. L’opposition considérait ces condamnation comme politique. Andry Rajoelina a donc toutes les apparences du pouvoir, d’autant que les médias locaux seraient muselés, victimes d’intimidations. La presse internationale continue de considérer Rajoelina comme un leader populaire, vision fidèle à celle de la France, seul pays a accepter la transition comme un fait accompli.

Il ne restait guère la semaine dernière que l’Internet pour avoir des nouvelles. L’opposition s’est organisée depuis. Une radio émet désormais sur ondes courtes (5895 Khz) tous les matins de 7h à 7h30 (heure de Mada). Les émissions sont retransmises par différents sites Internet. Depuis lundi 23, une radio FM aurait également été montée par les proches de Ravalomanana.

Des scènes de violence, de destructions sont reportées quotidiennement sans qu’il soit facile pour l’instant de discerner entre la rumeur et la réalité. Pourtant, il est certain que la « chasse aux sorcières » à commencé, entendez la chasse aux membres du parti présidentiel et aux alliés du Président Ravalomanana qui n’ont d’autres choix que de ce caché ou de se taire.

De Marc Ravalomanana, pas de nouvelles depuis qu’il a quitté discrètement le palais de Iavoloha lundi 16, palais alors « protégé » par ses partisans mais sur le point d’être attaqué par une armée de mutin. Fervent adepte de la non-violence, le Président a-t-il voulu épargner à ses partisans un combat inégal ? A-t-il été forcé de partir sous la menace ? Est-il toujours à Madagascar ?

Pour autant, toutes ces incertitudes n’ont pas empêché les pro-Ravalomanana « décapités » de manifester dès samedi 21, jour de « l’investiture » de Andry Rajoelina. De quelques miliers, les manifestants étaient lundi plus de 15’000. Ils commence à se réorganiser et espèrent doubler ce nombre chaque jour, histoire de montrer à la presse internationale que le « vrai peuple de Madagascar » ne cautionne pas ce coup d’Etat.

Si l’avenir d’Andry Rajoelina à la tête de l’Etat semble sévèrement compromis, restent deux scénarios. L’un voit le retour de l’ancien président Didier Ratsiraka, déjà au pouvoir de 1975 à 1991 et de 1996 à 2001, et exilé en France depuis. L’autre, celui de son successeur, Marc Ravalomanana que la foule appelle encore « président », refusant sa démission.