samedi , 27 avril 2024
enfrit
La gestion des affaires nationales ainsi que la direction des provinces autonomes n'ont pas été évoquées par l'Accord de Dakar. D'où l'optimisme des uns et le scepticisme des autres.

Accord de Dakar : une bouffée d’oxygène

L’accord de Dakar, signé le 18 avril, suscite l’optimisme dans l’opinion
publique qui y voit une solution durable à la crise politique malgache,
malgré quelques questions restées en suspens. Visiblement exténuée par
quatre mois de crise socio-politique, la majorité des Malgaches y voient une
bouffée d’oxygène. La levée des barrages qui asphyxient économiquement la
Grande Ile étant désormais théoriquement acquis.

L’accord ne fait mention aucune de la direction des affaires nationales
jusqu’à la publication des nouveaux résultats officiels par la Haute Cour
Constitutionnelle de la présidentielle du 16 décembre. Ce qui laisse
supposer, selon Jacques Sylla, le Premier ministre de Ravalomanana, que son
gouvernement continuera d’assurer, à Antananarivo, les affaires courantes.  »
Pour nous, Marc Ravalomanana reste président de la République  » annonce le
Premier ministre. Tout en reconnaissant que le pouvoir de Didier Ratsiraka
est le seul reconnu au plan international.  » Les démarches entreprises
jusqu’à présent dans le cadre du mouvement populaire se poursuivent  »
continue Jacques Sylla. Le Premier ministre de Ravalomanana fait ainsi
allusion à la démarche d’installation, à la direction des provinces
autonomes, des présidents de délégation spéciale nommé par Ravalomanana en
remplacement des six gouverneurs. Ces derniers étant restés fidèles au
président sortant Didier Ratsiraka. Le cas de la province de Fianarantsoa a
été évoqué plus particulièrement par le Premier ministre.
Le président de la
délégation spéciale, Pety Rakotoniaina, à l’issue d’une conquête
particulièrement sanglante du palais du gouverneur, une conquête ayant
entraîné au moins une vingtaine de morts à Fianarantsoa, sera en effet
installé ce samedi.
La démarche semble irréversible. Car la gestion des provinces autonomes est
l’autre question qui n’a pas été soulevée par l’Accord de Dakar, à part la
gouvernance du pays jusqu’à la publication des résultats officiels.

Une victoire

Le silence de l’Accord sur ces deux points semblent, selon une source
officieuse, laisser entendre une  » coexistence pacifique  » entre les deux
gouvernements jusqu’à ce que les juges électoraux publient les résultats
officiels de l’élection de décembre. D’autres sources proches de
Ravalomanana n’hésitent pas à parler d’une  » victoire  » du mouvement
populaire. Car les revendications des manifestations de rues, trois mois
après, sont acceptées par le camp de Didier Ratsiraka. A savoir un réexamen
des dossiers électoraux, et surtout, le décompte contradictoire des voix, à
partir de la comparaison des différents procès-verbaux, ainsi que la gestion
d’une prochaine consultation électorale par une entité neutre.

Le président sortant Didier Ratsiraka s’est dit  » très heureux  » à l’issue de
la signature de l’accord. Marc Ravalomanana, lui, dans son  » message à la
nation  » appelle les Malgaches à respecter l’accord. Et rappelle que  » le
Premier ministre Jacques Sylla et les autres institutions continueront leurs
travaux respectifs « .