Addis Abeba : réunion des 4 mouvances annulée, dernière offensive de la HAT

La nouvelle a été annoncée assez tôt par l’Union Africaine afin d’éviter un déplacement inutile aux trois mouvances Ravalomanana, Zafy et Ratsiraka. La commission Paix et Sécurité a pris acte de l’absence annoncée de Andry Rajoelina et s’en tient à la condition requise pour que la réunion débouche à de vraies résolutions : la présence des quatre chefs de file de mouvance politique à Addis Abeba. L’attitude de suffisance et d’arrogance des autorités de fait envers l’organisation africaine commencerait à agacer.

Andry Rajoelina ne fermerait pas la porte aux négociations. Le jeune président ne peut se soustraire à la pression de son entourage et de ses alliés quant à un retour vers l’application de la charte de transition consensuelle et inclusive qu’il a signée. Depuis quelques jours, la mouvance Rajoelina se mobilise pour empêcher leur leader de se rendre à Addis Abeba. Cela éviterait au président de la HAT de faire des concessions inapplicables. La propagande sur la souveraineté nationale et la défiance contre l’UA et le Groupe international de contact ne font cependant pas l’unanimité. Il y a des modérés qui croient toujours à la reconnaissance internationale des autorités de fait.

La HAT essaie donc de sauver les apparences en émettant une proposition qui serait dans l’esprit de Maputo.  « L’atelier du consensus élargi », c’est la dénomination que la porte-parole de la présidence a trouvé pour traduire le « teny ifampierana », est présenté par Laurent Ramaroson, membre de la HAT comme étant une réponse à l’Union Africaine. C’est le premier ministre Camille Vital qui a été chargé de soumettre une proposition à partir des résolutions de la réunion d’Ivato. Or, Andry Rajoelina avait déjà prévu qu’il va appliquer à la lettre ce qui sera décidé et voté par cette assemblée sélectionnée et supposée représenter le peuple.

La réponse de l’UA n’a pas tardé, la réunion d’Addis Abeba est annulée. La présidence de la HAT souligne que la mouvance Rajoelina ne se déplace pas pour l’invitation ou la convocation du GIC. Cela signifie-t-il que Camille Vital devrait accomplir sa mission dans le but de faire accepter la feuille de route Rajoelina adoubée par un « consensus élargi ». « Votre présence en nombre devrait faire prendre conscience à la communauté internationale que vous représentez la nation qui ne se limite pas à trois mouvances », a déclaré le premier ministre de la HAT aux participant au « teny ifampierana ». 

Le colonel a dans sa délégation son ministre des Affaires étrangères, un vice-amiral d’Escadre prêt à revendiquer que c’est lui qui a pris le pouvoir avant de le passer en toute liberté à l’autoproclamé président de la Haute autorité de transition. Accusé par l’officier marin d’avoir fait un « auto-putsch » en sa faveur, le président évincé a affirmé qu’il a confié le pouvoir au plus ancien en grade de l’armée et qui n’était pas à l’époque Hyppolite Ramaroson. Il y aurait une autoproclamation en tant que chef d’Etat d’un jour ! Cette délégation très militaire ne sert pas forcément les intentions démocratiques de la HAT. Reste à savoir si la Commission Paix et Sécurité est disposée à la recevoir. Une réunion de l’instance africaine sur le cas de Madagascar aura lieu le 10 mars. Sans la rencontre de la dernière chance, les mesures de sanctions contre la HAT risquent de figurer dans l’ordre du jour.