lundi , 29 avril 2024
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Un haut responsable auprès du ministère des Finances et du Budget a expliqué le fait que le consortium Wisco n’avait plus de concurrents dans l’adjudication du gîte de fer de Soalala. Les chinois ont été les seuls à avoir accepté les conditions peu ordinaires de la HAT, à savoir payer un acompte de 100 millions de dollars.

Adjudication du fer de Soalala : les chinois étaient les seuls à accepter de payer

La faim justifie les moyens ! Une situation financière précaire a poussé la HAT à faire une première dans l’histoire des investissements privés à Madagascar : faire payer l’adjudicataire. Ce n’est pas un pot de vin puisque l’extorsion de fonds est des plus officielles. « C’est la première fois que Madagascar demande à un investisseur de payer », reconnaît un responsable du MFB. La firme Wisco a accepté cette condition très particulière contrairement à d’autres investisseurs asiatiques. Des coréens et des japonais étaient pourtant intéressés par le projet Soalala mais se sont rétractés face à l’exigence inhabituelle de l’Etat HAT.

La première tranche de 50 millions de dollars a déjà été versée dans la caisse du trésor public. Wisco doit verser la deuxième tranche début juin sans quoi, il perd son autorisation d’exploitation et aussi la somme déjà versée. La HAT peut donc être tranquille à propos de l’engagement de la firme chinoise.  Cette dernière a été la seule à accepter de prendre le risque de payer les 100 millions de dollars réclamés comme étant un droit de mise à disposition, par un gouvernement non reconnu.
 
Andry Rajoelina a déclaré vouloir prendre du temps de réflexion avant d’utiliser argent. Selon le responsable du MFB, la somme sera utilisée dans le budget de l’Etat, non pas dans le volet fonctionnement mais dans l’investissement public. Pas question de s’en servir pour acheter des 4×4 ou des fournitures dit-il. La HAT bénéficie donc d’une rallonge de 100 millions de dollars dans le budget d’investissement qui est largement insuffisante en raison de la suspension des aides internationales. Le ministère est en train d’élaborer une stratégie pour l’utilisation de ce fonds chinois.

Le ministère de l’Energie et des Mines, par le biais su Bureau du Cadastre Minier de Madagascar a lancé un appel à manifestation d’intérêt sur le gisement de fer de Soalala, le 22 mai 2008. Si la liste des soumissionnaires sélectionnés a été publiée trois mois plus tard, l’adjudication a été reportée en raison de la crise politique dans le pays. L’appel d’offre a été réactivé en septembre 2009 par les autorités de fait. Début mai 2010, le gouvernement de transition a donné le gros lot à Wisco qui met tout de suite la main à la poche.

100 millions de dollars, c’est un investissement risqué vu les incertitudes politiques et le doute sur le caractère légal de l’adjudication. C’est un pari justifié si l’on considère les 562 millions de tonnes de réserve de fer estimée à Soalala. La production à ciel ouvert pourrait avoir un rendement annuel de 3,5 millions de tonnes par an, soit environ 10 000 tonnes par jour. Le besoin de la Chine en matière de fer et d’acier explique en outre cette prise de risque. Cette matière intéresse les pays asiatiques en raison du boom de la construction de grandes infrastructures.