samedi , 27 avril 2024
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Le deuxième anniversaire de la tuerie du 07 février a permis aux acteurs politiques de revenir sur une page sombre de la prise de pouvoir de la HAT. Pour l’autorité de fait, la stratégie est d’endosser l’habit de la victime se cachant derrière les « survivants » du samedi rouge. Le coupable visé a été Marc Ravalomanana. Dans le camp de ceux qui sont venus prendre le palais en utilisant la foule, le mot « responsabilité » est enfin entendu.

Affaire 07 février : les responsables après les toujours présumés coupables ?

En perpétuelle propagande, Andry Rajoelina se vantait de l’exemple malgache durant la commémoration de la tuerie du 07 février 2009. Seulement, ni en Egypte, en Tunisie, il n’y avait pas un maire de la capitale qui voulait prendre le pouvoir car on a touché à ses intérêts privés. Il n’y avait pas un président autoproclamé qui a poussé la foule à se sacrifier pour salir la réputation du régime en allant prendre d’assaut un palais présidentiel. Non, le coup d’Etat militaro-civil de 2009 n’est pas du tout un exemple. Si c’en était un, il serait bien mauvais.

Pour que leur sang n’ait pas coulé pour rien, l’association des victimes de la fusillade d’Ambohitsorohitra demande à ce que Andry Rajoelina se porte candidat à l’élection présidentielle. En attendant, cette association proche du TGV aura son représentant au congrès de la mouvance Rajoelina. Pour cette dernière, l’affaire du 07 février 2009 se résume à la condamnation du président Ravalomanana et surtout à éviter que celui-ci puisse revenir sur la scène politique.

L’intéressé, Marc Ravalomanana, condamne la machination politico-judiciaire de la HAT. Le président élu a demandé l’ouverture d’une enquête internationale indépendante, affirmant que les tireurs n’étaient pas seulement les gardes présidentiels qui ont fait leur travail de défendre le palais d’Etat d’un assaut d’une foule commanditée par un président autoproclamé. « Je n’ai pas donné l’ordre de tirer. L’ordre ne vient pas de nous », a-t-il déclaré à ses partisans qui ont commémoré d’une autre façon l’événement. « Nous n’avons pas peur ni des dénonciations calomnieuses ni de l’emprisonnement. a ajouté Marc Ravalomanana. Nous n’avons rien à craindre ».

Monja Roindefo, l’ancien chef du gouvernement insurrectionnel a tenu un discours nouveau sur l’affaire 07 février. « Je suis disposé à être entendu et auditionné, je ne me dérobe jamais de mes responsabilités » a déclaré celui qui a reçu l’ordre par Andry Rajoeliona de mener la foule à Ambohitsorohitra et prendre le palais. Aujourd’hui écarté et devenu un adversaire de celui qu’il a porté au pouvoir, Monja Roindefo ironise sur les interprétations des faits par Andry Rajoelina qui n’avait pas le courage d’aller à Ambohitsorohitra avec ses partisans. Pour l’ancien premier ministre de la HAT, le procès sur le dossier 07 février a été bâclé. « Le tribunal n’est pas là pour être un instrument de représailles… affirme-t-il. Mettons en place un tribunal indépendant ».

Sur la place du Magro, les partisans de Marc Ravalomanana n’ont pas oublié la tragédie. Pour eux, les coupables sont les commanditaires de la prise du palais présidentiel malgré la sommation faite aux leaders politiques qui y ont conduit la foule. « Si les putschistes continuent à contrôler les enquêtes sur ce qui s’est passé durant le putsch, ils feront valoir leur interprétation », souligne Constant Raveloson. Le militant MFM demande la mise en place d’une commission d’enquête indépendante.