dimanche , 28 avril 2024
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Contrairement à ses alliés radicaux et extrémistes, le président de la HAT ne minimise pas l’impact social et économique de l’AGOA. C’est plutôt les critères d’éligibilité qu’il essaie de nuancer, évoquant une clémence possible pour des raisons humanitaires dans le cadre d’un accord bilatéral.

AGOA : Andry Rajoelina mise sur le sentimentalisme des américains

AGOA, l’opportunité de croissance donnée par le gouvernement des Etats-Unis à des pays africains serait « un accord bilatéral ». En voilà une compréhension ou une interprétation originale. Oubliés donc les critères d’éligibilité basés sur le respect de la démocratie et la bonne gouvernance. Selon Andry Rajoelina, c’est Madagascar qui a besoin de l’aide de la communauté internationale et non pas le régime de transition. « L’AGOA ne doit pas servir un chantage politique parce que nous avons essayé toutes les solutions », plaide Andry Rajoelina.

Alors qu’il vient d’annoncer sa décision d’organiser des élections unilatérales et l’échec définitif des structures que l’on voulait imposer aux malgaches, c’est au tour de Andry Rajoelina de faire pression sur les autorités américaines. Il estime que Madagascar a toujours pu honorer les commandes américaines dans le cadre de l’AGOA. « S’ils aiment Madagascar et travailler avec les malgaches, les Etays-Unis ne devraient prendre une décision défavorable ».

« C’est une punition contre le peuple malgache désireux de changement », dénonce le président de la HAT, évoquant la probable suspension de Madagascar. Les entreprises du pays ne bénéficieront plus d’exonération douanière, leur rendant non compétitives. La perte des commandes va inévitablement engendrer un licenciement massif voire la fermeture des entreprises qui opèrent sur le marché américain.

La plaidoirie politique de Andry Rajoelina cible la fibre sentimentale de l’administration américaine. Même si la chance de faire tilt est assez mince, il mise sur le sentiment de culpabilité, évoquant le « droit de protéger les populations vulnérables » qui prime sur les principes démocratiques et les critères d’éligibilité. « Qui tirerait profit de la perte d’un grand nombre d’emplois », se demande Andry Rajoelina. Le président de la HAT ne se sent pas coupable de mettre en jeu autant de salariés dans quête du plein pouvoir.

Pression politique

Au même titre que la suspension des aides internationales, l’éligibilité à l’AGOA a été une pression sur les autorités de fait et les mouvances politiques malgaches pour trouver un consensus sur la gestion de la transition. Lors de la rencontre de Maputo III, la date du 14 décembre avait même été avancée pour la formation des institutions dans le but de ne pas perdre l’éligibilité à l’AGOA. Ce dernier a donc été un argument pour les trois mouvances Ravalomanana, Zafy et Ratsiraka. La perte du marché américain a un enjeu politique puisque les entreprises concernées sont susceptibles de fermer et de licencier leur personnel. Plus de 150 000 emplois sont directement menacés.

En face, toute la mouvance Rajoelina dénonce la pression américaine. Les plus radicaux encouragent le président de la HAT à ne pas céder et continuer à diriger le pays de manière unilatérale. L’impact social et économique de l’AGOA est minimisé. « C’est un marché qui ne profite qu’aux américains et seulement 100 000 malgaches payés au SMIG sont concernés ». Pour l’ancien député Eugène Voninahitsy, « il faut laisser tomber l’AGOA et ne pas le laisser être un moyen de pression sur les dirigeants ». Andry Rajoelina avait pourtant justifié sa participation aux rencontres de Maputo II et d’Addis Abeba, en partie, par le risque de voir des milliers de compatriotes perdre leur emploi. Finalement, il est prêt à les sacrifier.