lundi , 20 mai 2024
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L’annonce de la cessation des activités du Groupe Tiko suivie de la concertation entre les dirigeants de l’empire agro-industriel avec le ministre des Finances de la transition ont soulevé des questions sur les réelles intentions du nouveau pouvoir. En clair, Tiko sera une vache à lait pour la HAT qui veut récupérer ce qu’elle considère comme dû.

Agro-alimentaire : Tiko obligé de nourrir la transition

Une vache à lait morte ne sert plus à rien. Il faut sauver le groupe Tiko. Le gouvernement de la Transition ne fait pas preuve de magnanimité en voulant aider les entreprises fondées par le président Ravalomanana. L’initiative est ouvertement intéressée. « Il y a beaucoup d’argent de l’Etat chez Tiko, affirme le ministre des Finances, Benja Razafimahaleo. Or, la capacité de l’entreprise à fonctionner est menacée, nous avons proposé une solution ». Cette solution passe par une convention entre l’Etat et le groupe Tiko. L’argentier du gouvernement Roindefo cite deux points majeurs. « Premièrement, les dettes que l’entreprise doit à l’Etat doivent être payées. Deuxièmement, Tiko redevient une entreprise comme les autres et elle paiera des impôts ». « IIl n’y aura plus d’avantages fiscaux ni manœuvres illégales », tance Benja Razafimahaleo.

L’essentiel est donc d’éviter une cessation d’activité qui pourrait mener vers une liquidation. « C’est une solution à court terme, c’est valable deux ou trois mois », ajoute le ministre des Finances. Ce dernier se montre même très coopératif : « si Tiko a besoin de garantie à l’importation, il l’aura ». Cette largesse ne sera pas sans contrepartie car ne se fera que « si l’Etat peut contrôler la gestion financière et les stocks de l’entreprise agro-alimentaire ». Le gouvernement de transition ne cache pas sa volonté de contrôler cet empire industriel qui est aussi considéré comme une machine à financer le parti politique TIM. La nationalisation de Tiko a déjà été évoquée, au moins une participation de l’Etat dans les capitaux avec des parts en rapport à la dette de l’entreprise.

Pour le moment, la stratégie est d’éviter de faire de Tiko une victime et la qualifiant de prédateur de l’argent public. Les prétextes ou raisons pour sauver Tiko ne manquent pas. Il y a une pénurie et une forte inflation des produits de nécessité dont le marché est dominé par les entreprises de Marc Ravalomanana. Yaourt et produits laitiers, glaces, huile, farine… coûtent presque deux fois plus cher qu’en janvier. Le gouvernement de transition se targue aussi de sauver les 3500 directs et 10 000 emplois indirects de Tiko. Le ministre du Commerce de la Transition a révélé que Tiko a fait l’objet d’une saisie « pour sécuriser l’argent de l’Etat » (Sic).

« On l’a fait arrêter pour que l’on puisse établir une convention. Après, on la laisse reprendre sa production, si l’entreprise ne produit, comment va-t-elle pouvoir payer ses dettes », a déclaré Jean Claude Rakotonirina. Le groupe Tiko, en particulier sa filiale de distribution Magro, a été la principale cible des pillages en janvier 2009, lors du mouvement populaire mené par Andry Rajoelina, visant à renverser le régime Ravalomanana. Après la mise en place de la HAT, la firme d’Antsirabe a toujours été victime de vandalisme, ses camions de transports constamment pillés. Les militaires y ont mis leur grain de sel, arrêtant des convois de produits soi-disant à vendre pour financer les manifestations des partisans de Marc Ravalomanana.

Aujourd’hui, le gouvernement de transition doit composer avec Tiko dans sa politique qui vise à maîtriser et contrôler la distribution de PPN. Une mesure transitoire dit-on.