mercredi , 1 mai 2024
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Ce n’est pas encore la psychose mais les autorités publiques, que ce soit le gouvernement de transition ou les forces de l’ordre, font du « matraquage » à propos d’une menace terroriste à Madagascar. Le premier ministre Roindefo a une petite idée de ceux qui se cachent derrière les deux bombes artisanales.

Alertes à la bombe : à qui veut-on faire porter le chapeau ?

Et de deux, l’alerte à la bombe est encore plus alarmiste. Un engin explosif de fabrication artisanale a été retrouvé jeudi dans le quartier d’Akorondrano. « Il a été découvert à temps et heureusement, un caporal de l’armée ayant une compétence dans la manipulation d’explosifs était sur le lieu », commente le responsable de la Gendarmerie chargé de l’enquête. 

Cette deuxième alerte à la bombe suscite beaucoup plus de questions que la première. Quelques jours auparavant, un engin dissimulé dans un sac a été remis par un client à la consigne d’un supermarché situé à Ankadimbahoaka, appartenant à une enseigne internationale réputée pour ses bas prix en France. L’homme coiffé d’une casquette a payé les articles qu’il a achetés, plutôt inaccessibles pour quelqu’un de sa condition sociale, commentent les enquêteurs se fiant à l’apparence. 

Quelques instants plus tard… boom. Le paquet a explosé, laissé par le responsable de la consigne près de la caisse pour que le client le récupère. A 18h45, le magasin est presque vide, il n’y a plus que les derniers clients. Miraculeusement donc, officiellement « par la grâce de dieu », il n’y avait personne aux alentours. Le pire a été évité car la bombe comportait des clous qui allaient se planter jusqu’au plafond. 

La nouvelle d’un attentat terroriste n’a pas fait assez tilt. Les enquêteurs ont entendu tous les témoins enregistrés par la caméra de surveillance. Il reste une femme qui s’est enfuie avec un enfant après l’explosion et conviée à joindre les autorités. La deuxième bombe trouvée à Ankorondrano est censée relancer la vigilance de tous face à une vraie menace terroriste. 

Qui veut-on cibler ? Des victimes innocentes ? Il n’y en a pas encore eu et cela semble avoir été évité volontairement. Des auteurs ou des commanditaires présumés d’un attentat ? Tout le monde est sur la défensive. Les légalistes et pro-Ravalomanana ont été les premiers à réagir affirmant qu’ils condamnent ces faits et qu’ils n’ont rien à voir avec. Leur « paranoïa » d’une machination s’est renforcée quand la deuxième bombe a été trouvée dans le quartier où se tiennent les manifestations anti-HAT. 

Pour le premier ministre de la transition, la motivation de ces « terroristes » est claire. « Il y en a qui cherchent à démoraliser les malgaches », affirme-t-il. Monja Roindefo connaît déjà les coupables : « on sait déjà tout ce qui concerne ces attentats, on sait à peu près (SIC) qui sont derrières ». Il avance des motifs purement politiques, arguant que c’est l’œuvre de ceux qui veulent empêcher le pays à avancer vers les élections. 

En tout cas, avec la « menace terroriste » de l’intérieur et la menace d’invasion de « mercenaires » étrangers, le gouvernement a de quoi faire peur à une population qu’il ne souhaite pas voir démoralisée. « Il faut prendre des précautions, prendre des mesures adéquates, c’est pour cela que l’on a mis en place le plan Vigi-Mada », résume Monja Roindefo. Comme pour tout plan de type « vigi » ou vigilance, il faut bien que la menace soit réelle. Voilà qui est deux fois démontré.