samedi , 27 avril 2024
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L’ancien artiste et DJ Andry Rajoelina s’est fait beaucoup d’amis parmi les artistes. Le jeune président de l’autorité de fait va réaliser sa promesse électorale lors des municipales en lançant officiellement le projet de construction d’un amphithéâtre géant à Antsonjobe, entièrement financé par l’Etat. Les artistes sont partagés entre la joie et l’embarras face à l’idée de tenir un spectacle dans un lieu aussi vaste.

Amphithéâtre à Antsonjobe : la HAT réalise une autre promesse du maire d’Antananarivo

Chose promise, chose due par l’Etat. Et de deux : après l’hôtel de ville d’Antananarivo, Andry Rajoelina fait payer à l’Etat la construction d’une gigantesque infrastructure culturelle qu’il a promise aux électeurs tananariviens. Le Théâtre et Centre d’exposition d’Antsonjobe aura la forme d’un coliseum selon les modèles grecques et romains pouvant accueillir 25 000  spectateurs dont 20000 sur les gradins. Il comporte des aménagements modernes dont le centre d’exposition de 10 000 m². Un espace est réservé aux artistes qui seront à leur aise en disposant de 1000m². Pour ce qui est des commodités, l’amphithéâtre d’Antsonjobe disposera d’un parking pour près de 700 voitures.

« C’est l’un des lieux de spectacles les plus grands et prestigieux dans l’Océan indien, je le dédie à tous les artistes » a déclaré l’élu maire d’Antananarivo. Andry Rajoelina en fait désormais un outil de propagande de la HAT. « Un tel projet n’a jamais été réalisé faute de volonté politique, dit-il. On pense le finir en six mois, ce sera fini en même temps que la transition ». Le coût du projet avoisine les 10 milliards d’ariary. Trois entreprises ont été retenues pour réaliser les travaux. Vu la célérité de l’exécution des travaux de l’hôtel de ville, le pari n’est pas impossible.

Les artistes sont ravis mais sont aussi en proie au doute devant le gigantisme du projet. « J’espère qu’il ne sera pas aussi cher que le Palais des Sports », confie le chanteur-compositeur Max Exception. Ses doutes sont partagés par le chanteur Mamy Gotso qui dénonce une tarification préjudiciable pour les artistes. « Pour louer le Palais des sports et de la culture, un artiste paie 6 millions d’ariary alors que c’est seulement 100 000 ariary pour un match de basket-ball », dit-il, émettant le souhait que le nouveau théâtre sera plus abordable.

Le comique Francis Turbo a déjà une drôle d’idée : « c’est très grand pour nous humoristes, on va peut-être obliger les spectateurs à venir occuper la partie plane pour 5000 personnes, par contre je promets de courir de partout pour couvrir la scène ». La chanteuse Lianah apprécie plutôt le côté pratique du grand théâtre dont les loges et le parking. « On peut faire quelques chose de plus professionnel », ajoute-t-elle.

Le professionnalisme, le même refrain est entendu chez Felaniary, un chanteur-compositeur habitué des petites scènes, trop méticuleux pour être populaire. De par son statut de vedette, Njakatiana n’appréhende pas d’affronter l’amphithéâtre. « 25000 places, il y a de nombreux artistes qui sont habitués à réunir autant de spectateurs », affirme-t-il. Le crooner patriote souhaite que le Théâtre d’Antsonjobe soit ouvert à tous les genres de musique.

Pour le remplir de spectateur, la chanteuse folklorique Bakomanga a une idée : « les prix d’entrée devront être abordables ». Avec cet élan d’espoir artistique, le chanteur à texte Samoela ne s’y voit pas encore : « l’idée est bonne, j’aime mais j’espère qu’elle soit réalisée ».