mardi , 30 avril 2024
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Après de longues minutes d’un discours moralisateur dans lequel il accuse ses opposants de toute la souffrance que sa transition de facto a fait endurer aux Malgaches, Andry Rajoelina annonce à demi-mot son intention de monter un gouvernement d’union nationale, sans union. Il interprète la feuille route comme le document qui lui a donné le plein pouvoir sans passer par des tractations ni accords politiques.

Andry Rajoelina menace de mettre en place le gouvernement qu’il veut

Il fallait être patient pour entendre ce que le président de la transition voulait dire. Andry Rajoelina use et abuse des déclarations à la nation comme un outil de propagande, lui qui est toujours en quête d’une reconnaissance nationale et internationale. Avec la feuille de route signée enfin par les autres mouvances et qui le confirme en tant que président de la transition, l’élu maire d’Antananarivo pense enfin tenir cette reconnaissance. « Il faut respecter la feuille de route, il faut mettre en place dans le plus bref délai le gouvernement d’union nationale », s’impatiente-t-il face au refus du premier ministre Beriziky de déclarer le gouvernement de désunion, considérant la contestation des trois groupes d’opposition à la HAT.

Andry Rajoelina commence à faire la morale à ses opposants. « Ce doit être un gouvernement pour unir les groupements politiques qui ont signé et non pas une structure qui va diviser les Malgaches par les politiciens », se lamente-t-il… « Nous malgaches avons pris la responsabilité de mettre en place seuls ce gouvernement, mais nous ne savons pas nous respecter, incapables de construire quelque chose ensemble.  Ce sont les étrangers qui rappellent aux politiciens malgaches que le peuple souffre ». Ont-ils dit qui les a fait souffrir autant depuis près de 3 ans.

Le président de la HAT tente une argumentation technique. « L’article 6 de la feuille de route est clair à propos de la constitution d’un gouvernement. Pour éviter l’échec dans la mise en place comme avant, il n’y a pas été spécifié que les groupes politiques puissent choisir les ministères, il ne devrait pas y avoir de marchandage pour les sièges », estime Andry Rajoelina.

Le chef de l’autorité de facto ne reconnaît que l’échec du gouvernement Mangalaza qu’il a bloqué après que ses partisans lui ont fait revenir sur son engagement malgré sa signature sur les accords de Maputo. Quid de l’échec du gouvernement unilatéral de la mouvance Rajoelina dirigé dans le temps par Monja Roindefo et du pseudo-gouvernement d’union nationale de la mouvance Rajoelina élargie dirigé avec poigne par le général Vital.

Andry Rajoelina revendique et se justifie : « le président de la HAT et le premier ministre ont le droit de choisir et de désigner les ministres proposés par les groupes politiques. On va appliquer une répartition équitable, nous allons respecter ce que dit la feuille de route ». Il n’est pas prêt à faire de compromis, mais exige que les autres le fassent. « Les politiciens ont le devoir de faire des concessions et de chercher des compromis ». Le jeune homme est-il dans la politique ou toujours dans la musique ?