vendredi , 3 mai 2024
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Le parti présidentiel TIM a perdu la bataille électorale d’Antananarivo. Au nom de la démocratie, Marc Ravalomanana en personne a reconnu la défaite, ainsi que Hery Rafalimanana, le candidat du parti à la mairie de la capitale. A priori, Andry Rajoelina lui-même ne fait pas peur au régime. Le nouveau maire n’est pas encore présidentiable en 2012. Mais derrière lui se trouve un lobby opaque que l’équipe au pouvoir est en train de suivre de très près.

Andry Rajoelina : Quand une bataille électorale en cache une autre

Qui se cachent derrière Andry Rajoelina ? Et que veulent-ils ? Ce sont les questions qui taraudent un certain nombre de militants du parti au pouvoir, le TIM, depuis la défaite d’Antananarivo. Les élections font désormais partie du passé. La capitale a son nouveau maire en la personne de Andry Rajoelina, alias TGV, un jeune entrepreneur aux dents longues. La défaite a été difficile à admettre pour le parti présidentiel mais plutôt que de se lamenter sur l’échec Marc Ravalomanana a invité tout un chacun à une introspection.


Choix pré-défini


Les raisons de la défaite d’Antananarivo a été, de fait, multiples. Le choix de la majorité des électeurs a été d’ailleurs défini à l’avance. La campagne électorale n’y a pas changé grand chose. Et pour preuve, Andry Rajoelina s’est contenté de visiter 80 quartiers de la capitale, contre 192, soit la totalité, pour Hery Rafalimanana, pour avoir ensuite 30 points d’avance sur son principal rival. L’écart de voix est assez important.


En analysant de plus près les résultats définitifs, les dirigeants TIM retiennent tout de même leur souffle. Le taux de participation est beaucoup plus élevé que celui des législatives mais ne permet pas réellement de croire en un véritable « phénomène ». De fait, 44% des électeurs se sont rendus aux urnes alors que la consultation électorale qui a réellement mobilisé les Malgaches a été sans nul doute la présidentielle de 2001, suivie d’une crise politique de six mois, avec un taux de participation de 75%.


Ambitions floues


Andry Rajoelina lui-même ne semble pas inquiéter l’équipe au pouvoir. Sauf que des sources proches du parti présidentiel parlent de lobby inquiétant aux ambitions floues autour du nouveau maire de la capitale. D’abord un groupe d’entrepreneurs qui, pour différents motifs, ont eu maille avec Marc Ravalomanana. Parmi eux on peut citer, parmi tant d’autres, Elia Ravelomanantsoa, candidate malheureuse à la présidentielle de 2006, et Edgard Razafindravaha, propriétaire du groupe Prey et du groupe audiovisuel RTA. Razafindravaha est une personnalité très discrète aux ambitions plus ou moins floues, qui s’est constituée un important groupe de médias en quelque temps et qui semble avoir une dent contre Marc Ravalomanana surtout depuis que sa minoterie, Kobama, est fortement concurrencée par Mana SA, une nouvelle minoterie appartenant au groupe Tiko, fondé par Ravalomanana.


L’attention des collaborateurs du président malgache semble, aujourd’hui, focalisée sur cet homme qui se fait appeler « président » tout court, plutôt que PDG, au sein de son groupe d’entreprise. En effet, Andry Rajoelina, qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps, n’aura que 37 ans en 2012, année d’organisation d’une nouvelle élection présidentielle. Il en faut 40 pour être éligible.


Lobby français


Outre ce groupe d’entrepreneurs indépendants, qui n’entretiennent pas de lien direct avec les partis politiques de l’opposition, déjà en perte de vitesse, le nom de l’ex-vice Premier ministre du régime Ratsiraka a été à plusieurs reprises cité par les membres du TIM. Pierrot Rajaonarivelo, en exil en France, aurait apporté une contribution financière conséquente à la campagne électorale du jeune Andry Rajoelina. Aucune preuve tangible n’a toutefois été apportée outre le constat de l’existence effective de trois anciens collaborateurs de l’ancien vice-Premier ministre autour de Andry TGV.


L’autre fait qui inquiète le TIM est le rapprochement de Andry Rajoelina avec un lobby français assez opaque. Au début de son lancement, à titre d’exemple, des consultants Français travaillaient au sein de Viva Tv, la chaîne privée de Andry TGV. Un membre du bureau politique du TIM, qui a requit l’anonymat, s’inquiète par ailleurs un peu du fait que des hauts cadres de multinationales françaises récemment en poste en Côte d’Ivoire, un pays qui sort à peine d’une crise politique, ont rejoint récemment la Grande Ile. Et pour couronner le tout, le futur ambassadeur de France à Madagascar est un ancien…de la Côte d’Ivoire.