dimanche , 28 avril 2024
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La publication des listes des personnes faisant des sanctions ciblées de la part de l’Union Africaine et du Groupe international de contact n’émeut pas la HAT. Andry Rajoleina adopte une attitude de défiance et de suffisance se cachant derrière la volonté du peuple. Le but visant à faire revenir les autorités de fait à la charte de Maputo s’éloigne paradoxalement.

Andry Rajoelina réagit aux sanctions internationales : même pas mal !

Toutes les institutions de la HAT sont ciblées par les sanctions prises par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine et le Groupe international de contact. Sur les 109 personnalités concernées, Andry Rajoelina, président de la l’autorité en place est en tête de liste. Le motif de la sanction n’est pas le changement de gouvernement institutionnel ni un coup d’Etat mais le non respect d’un engagement sur le plan international. Il s’agit bien entendu de la charte de la transition consensuelle et inclusive et l’acte additionnel que les quatre chefs de file de mouvance politique ont signés à Maputo et Addis Abeba. La jeune première dame de la HAT, Mialy Rajoelina fait aussi partie de la liste des sanctionnés.

Le GIC et la Commission de l’UA concentrent donc le débat sur l’application des accords signés alors que la HAT tente de revenir aux conditions de sa prise de voir dont elle revendique la légalité et la légitimité. Les membres de la HAT ou Conseil supérieur de la transition, les membres du gouvernement et le premier ministre Camille Vital, les généraux membres du Comité militaire pour la défense nationale, des politiciens comme Daniel Rajakoba et Manasse Esoavelomandroso, des membres du staff de la présidence de la HAT sont ciblées par les sanctions. Deux membres du furtif directoire militaire, le Vice-amiral d’Escadre et vice-premier ministre chargé des Affaires Etrangère Hyppolite Ramaroson ainsi que le général de division Ranto Rabarison président du CMDN, figurent dans la liste. 

Les sanctions sont individuelles et bien ciblées. Le CPS de l’Union Africaine évite de sanctionner le peuple malgache mais veut faire pression sur les autorités de fait à revenir aux accords signés pour la mise en place d’une transition consensuelle et la distribution des rôles. Refus de visa qui pourrait signifier impossibilité de sortir du pays, gel des avoirs à l’extérieur, non accréditation à des événements internationaux, la nature des sanctions pose quelques contraintes à la HAT mais ne l’empêche pas de gouverner le pays comme elle veut.

Andry Rajoelina a donné le ton et fait part de son indifférence envers ces mesures prises par les représentants de la communauté internationale. « Laissez-moi rester ici avec le peuple malagasy si ces sanctions permettent de sauver le pays », a-t-il déclaré.  « La HAT est prête à affronter ces sanctions afin de réaliser les aspirations populaires », a ajouté le chef des autorités de Madagascar. Andry Rajoelina refuse donc de céder à la pression de la communauté internationale, se permettant même de sortir sa phrase moyennement diplomatique qu’il affectionne en cas de revers sur le plan international : « ce qui ne vous tue pas vous rend fort » (Sic).

Pour le moment, les premières sanctions ne font même pas mal à la HAT. L’initiative unilatérale selon la feuille de route Rajoelina peut continuer. Le passage du cyclone Hubert qui a fait une cinquantaine de victime et de nombreux dégâts sur les cultures et les habitations rendait « inhumaine » tout autre sanction visant le pays ou le peuple malgache. Les impacts économiques et l’isolement diplomatiques ne sont pas immédiats. Ce qui permet autorités de fait de défier le Groupe international de contact qu’elles essaient de restreindre à l’Union Africaine. La HAT veut rassurer une opinion qui serait peu enclin à sauvegarder des relations avec le continent… noir.