samedi , 18 mai 2024
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La déclaration à la nation faite par Andry Rajoelina n’a rien livré de déterminant dans le processus de résolution de la crise politique à Madagascar. Le jeune président des autorités de la transition s’est contenté de répéter son discours sur la souveraineté nationale et insiste sur l’organisation d’une élection de l’assemblée constituante et législative. Il adopte un double langage et essaie de racoler les membres des autres mouvances hors du schéma de la charte de Maputo.

Andry Rajoelina tente une petite ouverture pour couvrir son unilatéralisme

S’il s’agissait de remettre dans la bouche du président des autorités de fait ce que les membres de la HAT ont déclaré ces derniers jours, la formule de l’interview télévisée aurait été plus appropriée. Les citoyens étaient en droit d’attendre plus d’une déclaration à la nation. Andry Rajoelina va au défi face au groupe international de contact en essayant de réduire cette représentation de la communauté internationale à l’Union Africaine. Il fait référence aux droits de l’homme universel pour revendiquer la souveraineté nationale qui l’excuserait de passer outre la recommandation des organismes et pays étrangers. « Madagascar appartient aux malgaches » !

Le président de la HAT maintient donc sa décision d’avancer dans sa feuille de route personnelle et s’écarte définitivement de la charte de Maputo et de l’acte additionnel d’Addis Abeba. « Le changement, il faut s’y tenir car il y a des vies qui ont été perdues », dit-il, faisant l’écho des récentes déclarations des plus extrémistes dans sa mouvance politique. Andry Rajoelina continue de se justifier : « en un an, il y a eu de la médiation, des accords signés… on a essayé de mettre en place des institutions, sans succès », constate-t-il. Pour la énième fois, il répète que les concessions ont été nombreuses pour mettre en place la cohabitation mais c’est un échec.

C’est le moment choisi pour faire la propagande de la souveraineté nationale : « Il est temps de prendre nos responsabilités, le peuple malgache ne mérite pas la torture psychologique qui vient de l’intérieur ou de l’extérieur ». Andry Rajoelina fait référence à la menace de sanction qu’il prendrait en considération. Il prend au mot les représentants africains : « même les médiateurs du GIC sont convaincus que les élections permettront de retourner à l’ordre constitutionnel ». Le message est à moitié reçu par le président des autorités de fait puisque le même groupe exige la mise en place d’une transition consensuelle et la formation d’un gouvernement d’union nationale avant la tenue d’un scrutin quelconque. « L’élection seule est la solution pour sortir de la crise, on va redonner le pouvoir au peuple », se répète Andry Rajoelina.

« Je suis convaincu que la solution sera trouvée entre malgaches… J’invite les forces politiques et la société civile à participer à un atelier les 4 et 5 mars 2010 ». Cet événement est annoncé comme un atelier du compromis à défaut d’une vraie conférence nationale organisée par le gouvernement d’union dans une transition inclusive.  Il a pour but de rendre l’organisation de l’élection unilatérale un peu plus consensuelle et inclusive. « Ce n’est pas seulement la HAT ni seulement les autres mouvances mais tous les partis » qui sont invités à prendre part à ce rendez-vous. « Nous sommes prêts à prendre toutes les mesures avec ce compromis pour que les élections soient propres et que le milieu politique soit apaisé.

Andry Rajoelina aurait compris qu’il vaut mieux débattre d’une question sans décider que de prendre une décision sans en avoir débattu. En gage de bonne volonté, il promet la formation de la Commission électorale nationale indépendante, un organe prévu dans la charte de Maputo. Pour amadouer la communauté internationale, le président de l’autorité de fait essaie de racoler les membres des trois autres mouvances. « Jusqu’aux élections, nous sommes prêts à ouvrir les institutions aux autres forces politiques pour qu’il y ait une gestion mutuelle de la transition», dit Andry Rajoelina après Roland Ratsiraka. « Nous  sommes maîtres de notre destin et des décisions sur notre pays » réaffirme le président de la HAT. Il appelle à « faire preuve de patriotisme et de fierté nationale pour faire taire l’égoïsme et penser à l’intérêt supérieur de la nation ». Un message qui, dans le contexte actuel, vise plus son propre camp tenté de verrouiller farouchement le pouvoir.