samedi , 4 mai 2024
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A la question qu’est-ce qui empêchait Andry Rajoelina de bâtir sa république, la réponse était la SADC. Ce ne serait plus le cas depuis que le médiateur de la crise malgache Leonardo Simao a présenté une feuille de route qui donne tous les pouvoirs au chef de l’autorité de fait. L’envoyé spécial de Joaquim Chissano évoque la possibilité de faire passer le document qui garantit la reconnaissance internationale sans la signature de tous les protagonistes.

Andry Rajoelina : un forcing plébiscité par le médiateur Simao ?

Andry Rajoelina l’a dit et l’a répété : « nous devons avancer ». Le chef de l’autorité de fait a en effet fait du sur place après avoir pris conscience que son référendum ne lui garantit pas la reconnaissance internationale mais au mieux un début de processus vers un retour à l’ordre constitutionnel. La mouvance Rajoelina a réussi un tour de passe-passe en faisant de ses alliés des groupes politiques indépendants qui éclipseraient les trois autres mouvances.

« Si les autres (mouvances) ne signent pas la feuille de route, qu’ils restent à quai, le bateau va lever l’ancre ». Cette menace, le président de la HAT l’a aussi répétée à maintes reprises. « On ne va pas embarquer dans un bateau qui va bientôt couler », ont rétorqué ses opposants. De toute manière, le capitaine Rajoelina ne veut embarquer que ceux qui acceptent d’être sous ses ordres, d’autant que la feuille de route Simao lui donne carrément le pouvoir d’un amiral.

Pour soigner cette transition bis où le président de la HAT renforce son pouvoir en échange des sièges partagés à ses ceux qui lui font allégeance, l’intéressé appelle les partis politiques pour une grande réunion dès la première semaine de mars. Il menace que ceux qui ne viendront pas devront assumer un rôle d’opposition qui sera déterminé par le congrès TGV. Avec les nombreux faits accomplis par le régime issus du coup d’Etat de 2009, les institutions de la transition auront l’air d’un paquebot pour touristes et non pas d’une vedette rapide promis au départ.

L’histoire a déjà démontré que la réunion politique sans un consensus ne fait que sauver les apparences. La mouvance Ravalomanana veut bien y participer mais reste méfiante. « Si la réunion est focalisée sur la recherche de solution, pour une transition inclusive, on viendra » a fait remarquer l’ancien prisonnier politique Fetison Rakoto Andrianirina.

Le chef de la délégation de la mouvance Ravalomanana assume la liberté pour les mouvances de ne pas signer la feuille de route pro-HAT. « Les pourparlers continuent vu que les médiateurs appellent les parties prenantes, l’objectif du consensus n’est pas encore atteint… Si on voit que cela ne correspond pas aux attentes des malgaches, on va prendre des mesures, c’est soit on signe, soit on reste en dehors » a déclaré Fetison Andrianirina.

Apparemment, les mouvances Ratsiraka et Zafy ne sont plus consultées par les médiateurs de la SADC. Leonardo Simao a avancé que les camps des deux anciens présidents ont déjà fait part de leur refus de signer la feuille de route mais que celle-ci sera appliquée. Ce qui n’a pas manqué de soulever de l’indignation chez les concernés qui attendent toujours d’être consultés pour apporter leur proposition d’amendement.

Et pourtant le médiateur Simao a reconnu que sa feuille de route est encore en phase de discussion et c’est pour cette raison que des choses différentes sont dites après les premières déclarations. Bref, le document a évolué. Leonardo Simao de signaler que Marc Ravalomanana a envoyé une lettre avec des propositions contraires. Va-t-il alléger le pouvoir royal qu’il allait donner à Andry Rajoelina ?

« Il y a un pays qui est Madagascar. La plupart de la population demandent à la classe politique de trouver des résolutions », commente Leonardo Simao. Pour lui, cette solution se trouve dans « des institutions restructurées, un système électoral qui donne confiance à la population, à la classe politique et à la communauté internationale pour sortir le pays de la crise ». En tout cas, le médiateur veut forcer le destin de Madagascar en imposant une feuille de route favorable à l’un des protagonistes de la crise et qui ne sera pas approuvée par les autres.