samedi , 4 mai 2024
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C’est un discours à la Nation qui n’en est pas vraiment un que le président de la Haute Autorité de la Transition, a tenu à la télévision nationale à l’occasion de… la fête des Pâques ! Andry Rajoelina y règle ses comptes et essaie de faire de la propagande pour son régime.

Andry Rajoelina : un monologue à la Nation

Pour Pâques, un message pour souhaiter « joyeuses fêtes » à tous les Malgaches aurait largement suffi. La transition est vraiment une période à part puisque c’est en chef d’Etat que le jeune Andry Rajoelina voulait adresser un discours à la Nation pour l’occasion. L’exercice est loin d’être maîtrisé. On ne peut pas exiger de celui qui a été élu maire d’Antananarivo la qualité d’un homme d’Etat en « trois semaines » de pouvoir. Son passage à la télévision ressemblait plus à une interview à la Nation dont on coupait les questions au montage pour en faire un long monologue d’environ une demi-heure.

Le TGV s’est contenté d’essayer de rallier tous les wagons à sa cause en fustigeant les fautifs, en particulier un. « A qui la faute » ne cessa-t-il de répéter, si le pays est en difficulté. En résumé, il a essayé de persuader les citoyens à ne plus prendre fait et cause pour le président Ravalomanana, qu’il n’a jamais nommé, en traitant celui-ci de tous les maux : assassin, voleur, dictateur, un anti-patriote qui s’achète un jouet de 60 millions de dollars… 

Bref, Andry Rajoelina ramène les accusations politiques qu’il a proférées sur la place du 13 mai à la télévision nationale. Il y ajoute un flou artistique pour que ses propos ne visent pas uniquement Marc Ravalomanana mais aussi les autres anciens chefs d’Etat que sont Albert Zafy et Didier Ratsiraka. La discussion entre les trois ex-présidents qui ne le reconnaissent pas en tant que chef d’Etat justifie la réaction d’Andry Rajoelina. 

Avec un ton parfois désinvolte mais toujours plein d’assurance, le chef d’Etat de 34 ans affirme qu’aucune remise en cause de son pouvoir ne doit être émise que ce soit dans le pays ou dans le contexte international. Andry Rajoelina, s’en tient à la reconnaissance par la Haute Cour Constitutionnelle qui a été sommée de prendre acte de l’avènement de l’autorité de la transition avant le coup de force auprès des généraux à qui le président Ravalomanana a confié le pouvoir.

A part son opposition énergique à un retour de Marc Ravalomanana au pouvoir, le message fort délivré par Andry Rajoelina a été son appel à la population à reconnaître son autorité et à aller dans le même sens que le TGV. Le président de la HAT a renouvelé son message d’ouverture. Il y trouve même une raison de la non nomination de certains ministres. Il n’y a pas que le Santé, le Sport et la Culture, la Population. Il reste des portefeuilles un peu plus intéressants comme les Travaux Publics, l’Energie et Mines, l’Agriculture et surtout la Défense nationale.

 Andry Rajoelina reste donc ouvert aux partis politiques mais se rebiffe contre les trois leaders charismatiques que sont les anciens présidents de la République élus au suffrage universel. Eliminé de l’échiquier pour le moment, Pierrot Rajaonarivelo pourrait saisir la perche car lui, il reconnaît le pouvoir de la HAT et en espère beaucoup. Après avoir critiqué l’ouverture politique opérée par Andry Rajoelina, l’ancien vice-premier ministre doit se mettre en selle pour retrouver son statut de présidentiable que le TGV lui a enlevé.