jeudi , 16 mai 2024
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Le président de la Haute Autorité de la Transition ne peut compter que sur la frange de l’armée qui l’a aidé à prendre le pouvoir. Un simple basculement d’une partie de l’armée, et la mise en place d’un nouveau gouvernement par Marc Ravalomanana pourrait lui être fatal.

Andry Rajoelina : un soutien fragile

« Il suffit que Marc Ravalomanana nomme un nouveau Premier ministre et un nouveau gouvernement et ce sera fini » a lâché Constant Raveloson, issu du parti MFM, et principal orateur au rassemblement des légalistes sur la place de la démocratie à Ambohijatovo, pour démontrer la fragilité de l’autorité de Transition à Madagascar. Etant donné que Marc Ravalomanana est l’unique président de la République encore reconnu par la majorité des partenaires internationaux de Madagascar, son retour au pays et la mise en place d’un nouveau gouvernement pourrait effectivement sonner le glas pour la Haute Autorité de la Transition si tant est qu’une autre frange de l’armée décide à soutenir les légalistes.

Aujourd’hui, des membres du gouvernement eux-mêmes reconnaissent la « fragilité » de la Transition. Un ministre de Andry Rajoelina a admis devant ses subalternes que la Transition est « fragile » et que ce n’est pas en soutenant le mouvement d’Ambohijatovo que les agents de l’Etat trouveront la solution aux problèmes. Subodorant cette « fragilité » un grand nombre des personnes consultées n’ont pas voulu intégrer le gouvernement de la Transition. Ce qui explique que presque un mois après le « coup d’Etat » le gouvernement de Andry Rajoelina est toujours incomplet.

Le soutien populaire de Andry Rajoelina, durant les manifestations de rue qu’il a initiées, était déjà discutable. L’affluence sur la place du 13 mai était loin d’égaler celle qu’a drainée son adversaire sur le même lieu en 2002. La grève générale qu’il a décrétée n’a jamais été par ailleurs effective. Le nombre de fonctionnaires qui débrayent actuellement, pour suivre les manifestations des légalistes, est bien plus important selon des témoins au niveau de différents départements ministériels.

La place de la démocratie, à Ambohijatovo, où se rassemblent quotidiennement les pro-Ravalomanana ne désemplit pas, il est vrai. Les répressions ont failli avoir raison des légalistes, mais depuis quelques jours, toutes les couches sociales de la capitale sont représentées au mouvement des légalistes. Une situation qui embarrasse de plus en plus la Haute Autorité de la Transition. D’autant que le ton semble monter d’un cran sur la place d’Ambohijatovo.

En parallèle, les tractations diplomatiques se poursuivent. Les légalistes continuent de rencontrer les ambassadeurs à Antananarivo afin d’insister que le retour à l’ordre constitutionnel reste la meilleure issue à la crise politique actuelle. Les orateurs exigent sans cesse le départ de Andry Rajoelina et de son équipe. « Quoi qu’on dise, c’est un coup d’Etat qui a été perpétré à Madagascar » a martelé Constant Raveloson.