lundi , 29 avril 2024
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Le président de la HAT a repris les arguments historiques et culturels déjà détaillés par son entourage politique pour justifier l’atelier du « Teny ifampierana », une rencontre pour faire accepter une décision d’une majorité par la communauté. C’est une prétendue démocratie directe qui consiste à gommer les réalités politiques par une forme de populisme. Les autorités de fait veulent fabriquer un consensus et le faire adopter par une majorité virtuelle issue des représentants des forces vives du pays.

Andry Rajoelina : une anti-démocratie basée sur les folklores

Refusant de manière quasi-définitive de revenir aux accords politiques signés à Maputo et à la charte de la transition consensuelle et inclusive, la mouvance Rajoelina essaie de réunir toutes les forces vives du pays autour d’elle. Pari réussie puisque la salle de conférence internationale d’Ivato est bien remplie, il ne reste que quelques sièges inoccupés. Le décor est planté dans cet espace qui devrait rappeler la grande place publique d’antan : la majorité des habitants est réunie pour débattre des différends et de l’avenir de la communauté, seuls manquent à l’appel quelques absents qui se sont mis à l’écart de la société et de la gestion de cette dernière, selon la théorie de la HAT.

Le concept est bien malgache mais pas d’actualité. Il a fallu l’expliquer à maintes reprises. La stratégie consiste à réunir tout le village et non pas les quelques dignitaires qui ont un différend sur la manière de diriger ensemble. La HAT a invité près de 1800 personnes qui représenteraient le peuple à travers les forces vives de la nation. « Vous êtes les porte-parole du peuple », leur dit Andry Rajoelina, toujours dans la logique de sa vision de la démocratie directe. C’est un peu différent de  la consultation populaire invoquée par Andry Rajoelina à Maputo. A son retour, le jeune TGV avait alors invité ses partisans dans le stade du football du palais présidentiel !  La rencontre d’Ivato serait fondée sur le dialogue. Est-ce possible quand il y a 1800 participants, rien n’est moins sûr.

La constitution de cette assemblée improvisée fait débat. La HAT a invité les 212 partis et des dizaines d’associations politiques pour faire oublier les mouvances définies dans le cadre de la médiation internationale. «  Aujourd’hui, il n’y a pas de parti puissant ou faible, pas de grand ou petit parti… c’est tout le monde qui se met d’accord », affirme-t-il. Andry Rajoelina concède toutefois que le problème est politique et la solution doit aussi l’être mais avec de bonnes fondations. « Il n’appartient pas à quatre individus (les quatre chefs de file de mouvance) ou à un seul (sa personne) de décider mais nous tous (les 1800 participants) », se justifie le président de la HAT.

Afin de noyer les partis politiques et les mouvances absentes dans une écrasante vague de majorité, la HAT a invité des membres de la société civile acquis à sa cause dénommée officiellement le changement. Les discours enflammés des représentants des régions et de la jeunesse trahissent déjà la prétendue neutralité politique de l’atelier. Andry Rajoelina préfère souligner l’union sacrée comme c’était dans le temps, sous l’ombre d’un arbre. « Vous n’avez pas été divisés par les régions, ni par les tribus, les partis, les mouvances politiques », dit-il aux participants.

Andry Rajoelina associe alors à sa cause des invités tirés sur le volet afin de préparer le terrain de cette légitimité démocratique attendue à l’issue de la réunion. « Ce n’est pas la mouvance (Rajoelina) qui a fait la lutte pour le changement mais la majorité ». Et que ce plus grand nombre doit prendre forme à l’issue de l’atelier au moment d’adopter les résolutions. La majorité, voilà l’éternelle bataille de la HAT, son tendon d’Achille. Andry Rajoelina a été élu maire par la majorité des habitants de la ville d’Antananarivo alors que les trois autres chefs de file de mouvance ont été plébiscités par la majorité des malgaches. Il s’improvise alors chef de village pour constituer une majorité moins virtuelle qui prendra une décision à sa place. La démocratie directe est manipulée dans une machination politique en l’absence de vrais élus. C’est tout simplement anti-démocratique !