vendredi , 3 mai 2024
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De quoi va-t-il parler ? Aucun indice n’a été donné mais le rendez-vous est pris. Le président de la HAT va faire une déclaration à la nation dans la soirée du mercredi 12 mai 2010 sur les ondes de l’audiovisuel public. Après plusieurs jours de report, le doute reste permis quant à l’annonce d’un nouveau gouvernement qualifié de « salut public ».

Andry Rajoelina va annoncer la grande nouvelle, mercredi à 20 h

Attendu lundi puis mardi, mercredi sera finalement le meilleur jour choisi par Andry Rajoelina pour parler à la nation de ses intentions politiques. Après des doutes et quelques déroutes, la feuille de route de la HAT est toujours attendue même si l’autorité de fait en a déjà présenté quelques unes. Avancer d’un pas pour reculer de deux, la démarche est hésitante entre la volonté de garder tout le pouvoir et l’obligation de solliciter la reconnaissance internationale.

Selon la tradition malagasy, le mercredi est un jour où l’on entreprend une initiative pour n’en plus revenir. Il n’a pas été spécifié que la déclaration à la nation se rapportera à la présentation du gouvernement Vital II même si le premier ministre a en réalité hérité de l’équipe Roindefo II. Andry Rajoelina va-t-il continuer à défier les médiateurs, la communauté internationale et les autres mouvances politiques en faisant une action aussi unilatérale qu’irrémédiable.

La constitution d’un gouvernement sans le consensus, à commencer par la désignation du premier ministre est déjà condamnée d’avance. Les membres de la communauté internationale, à commencer par la France et l’Union Européenne, exigent le retour à la table des négociations afin de donner un socle commun à la transition. Les mouvances Ravalomanana, Ratsiraka et Zafy ont dénoncé le forcing de la HAT pour un gouvernement qui divise les formations politiques et un calendrier électoral qui n’a pas l’adhésion de tous.

Quelque soit la forme du gouvernement proposée par Andry Rajoelina, la mouvance Madagasikara a annoncé son refus de cautionner et de participer. « On n’a pas été appelé, mais mêmes si c’était le cas, nous n’allons pas y entrer », a déclaré Ange Andrianarisoa de la mouvance Ratsiraka. Mamy Rakotoarivelo de la mouvance Ravalomanana fustige la tentative de débauchage entreprise par la HAT et affirme qu’un gouvernement prétendu de salut public ne va pas résoudre la crise. Même le juriste Eric Rakotoarisoa déconseille la mise en place d’un gouvernement et l’organisation d’une élection de manière unilatérale, estimant que tout ce qui se fera sans un consensus est un château de carte.

Et si Andry Rajoelina annonçait qu’il renonce à cette ultime initiative unilatérale qui marque le point de non retour à la négociation. Un tel retour à la raison est peu probable vu les déclarations d’intention de l’élu maire d’Antananarivo qui veut garder les rennes de Madagascar durant et après la transition. Sa défiance envers la communauté internationale sera condamnée mais Andry Rajoelina pense retourner la situation à son avantage. « Personne ne va contredire l’expression du peuple malgache par des élections démocratiques», ose-t-il espérer.

La logique d’un gouvernement non TGV, bien que non reconnu d’union nationale, tient la route pour organiser à tout prix ces élections. Tout reste des suppositions vu que Andry Rajoelina s’est montré de plus en plus imprévisible. On ne sait plus très bien ce qu’il veut, à commencer par lui-même. Même le président sud-africain Jacob Zuma en a fait la remarque à propos du jeune homme fort de Madagascar : « he doesn’t know what he wants ! »