vendredi , 17 mai 2024
enfrit
Les trois mouvances Ravalomanana, Zafy et Ratsiraka, réunies dans la mouvance Madagasikara au nom du consensus peinent à avancer dans leur démarche à faire revenir la HAT à la charte de la transition inclusive et consensuelle. Le mouvement de contestation est maîtrisé par des forces de l’ordre très dissuasives. Les petits groupes de commandos armés de kalachnikovs circulant à bord d’un 4x4 pick-up impressionnent les militants.

Anosy : répression sans heurts des manifestations contre la HAT

Par deux fois, la mouvance Madagasikara a réussi à manifester à Anosy devant le palais de verre. Ce lieu destiné au sénat est occupé par les membres de la Haute autorité de la transition rebaptisée Haut conseil de la transition par Andry Rajoelina en décembre 2009. Les trois mouvances opposées aux autorités de fait souhaitent symboliquement installer les membres du congrès de la transition. Plus qu’une bataille de symbole, il s’agit de mettre un pied dans une institution. Avant d’y arriver, les trois entités tentent de squatter le quartier d’Anosy en baptisant une place du « Fihavanana ».

Les forces de la HAT veillent au grain. Lundi 18 juin, elles ont effacé la première défaite de deux jours auparavant quand les opposants ont réussi à tenir une manifestation. Les militaires armés de kalachnikov ont confisqué le matériel de sonorisation. Un autre geste symbolique de l’entorse à la liberté d’expression. Quoiqu’il en soit, les militaires ne sont pas intervenus pour empêcher la mouvance Madagasikara de tenir leur meeting. Le mal est fait puisque les opposants n’avaient qu’un mégaphone pour s’adresser à la foule. De plus, cette intimidation permet de contrôler les nouvelles annoncées dans les radios à midi : « quelques partisans des trois mouvances sont aperçus à Anosy, les leaders du mouvement manquent encore à l’appel, on note une forte présence des forces de l’ordre ».

La manoeuvre est plus qu’efficace puisque les leaders de l’opposition aux autorités de fait ne peuvent pas arriver sur le lieu de manifestation à l’heure indiquée. « Il faut d’abord tâter le terrain, on ne peut pas risquer de perdre nos leaders car il peuvent à tout moment se faire arrêter », confie l’un des animateurs du mouvement. Cette extrême prudence a été affichée par Albert Zafy qui n’est pas sorti de sa voiture durant toute la manifestation de lundi. Même les fidèles partisans du Magro hésitent à se déplacer à Anosy. Tabera Randriamanantsoa a par ailleurs appelé les militants à grossir le rang des manifestants devant le palais de verre. 

« Les opposants ont de l’audace puisque, auparavant ils étaient au Magro, aujourd’hui ils sont à Anosy, au cœur d’une zone rouge », note Désiré Ramakavelo, membre de la HAT. Le général retraité demande au colonel Vital de tenir parole puisque le nouveau premier ministre a prévenu « d’un fusil qui pourrait servir à tirer sur des proches ». Les autorités poussent les militaires à réprimer le mouvement, criant à la provocation et à la création de troubles. « Ce ne sont pas des forces de répression, car ce n’est pas le caïman qui est méchant mais c’est l’homme qui aime le bord de l’eau (Sic)».

La mouvance Rajoelina accuse les opposants de créer des manifestations en vue d’influencer le président de la Commission de l’Union Africaine attendu à Antananarivo le 21 janvier 2010. Ce qui justifierait le choix du lieu, à Anosy, puisque monsieur Jean Ping va séjourner à l’hôtel Carlton. Au cour de cette mission, le représenter de l’Union Africaine pourrait demander « avec insistance » à ce que les autorités de fait reviennent à un schéma acceptable d’une transition consensuelle. La Guinée est en train d’y parvenir, pourquoi pas Madagascar.