mercredi , 1 mai 2024
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C’était auparavant un parfait inconnu. Le capitaine Roger Luc, issu du Régiment des Forces d’intervention, est devenu la figure de proue d’une armée malgache en quête de neutralité, face à une crise politique qui n’a que trop duré.

Armée : quand un inconnu devient l’icône de la neutralité des hommes en treillis

Les militaires malgaches ont beaucoup fait parler d’eux depuis le coup d’Etat de mi-mars à Madagascar et à la suite de la mutinerie du camp CAPSAT. C’est grâce à des mutins que le jeune président actuel de la Haute Autorité de la Transition, Andry Rajoelina, a pu accéder au pouvoir, quand Marc Ravalomanana devait s’exiler en mi-mars 2009.

Depuis, c’est l’armée qui devient naturellement la base des autorités de la HAT. Le Premier ministre Monja Roindefo est bien fier d’avoir pu concrétiser une «unicité du commandement » des forces armées, après le coup de force du 17 mars. Pour cette raison, il refuse d’admettre qu’il y a eu coup d’Etat dans la Grande Ile. Et ne veut point admettre que l’instabilité politique et la division de l’armée constituent un risque majeur pour la HAT en particulier et pour le pays en général.

Au cours des dernières semaines, la neutralité de l’armée et son « divorce » avec les hommes politiques devenaient un sujet très sensible. 

Une réunion initiée par le ministère des Forces armées et les représentants de chaque promotion de l’Académie militaire a eu lieu le 18 septembre dans la capitale. Une nouvelle fois, il était question de « neutralité politique » et de « cohésion » au sein de la grande muette qui ne l’est plus vraiment.

Depuis quelques semaines, le capitaine Roger Luc du Régiment des Forces d’intervention est devenu malgré lui l’icône de cette neutralité. Sans vouloir se mettre devant les feux de projecteurs, cet officier a pourtant fait parler de lui en s’interposant entre Manandafy Rakotonirina et les hommes de la Force d’intervention spéciale (FIS) sous commandement des trop célèbres lieutenants-colonels Charles Andrianasoavina et Lylison René, à l’aéroport international d’Ivato. 

C’était au retour de Manandafy Rakotonirina du second Sommet de Maputo. Alors que les hommes de la FIS, qui l’ont arrêté dans des circonstances très critiquées quatre mois auparavant, voulaient s’en prendre à Manandafy, le capitaine Roger Luc s’interposa énergiquement, seul et sans armes. Cette image est restée dans beaucoup de mémoire. 

Depuis, les simples citoyens, habitués aux soubresauts des militaires de la FIS, ont admis que l’armée pouvait être représentée par autre chose qu’un coup d’Etat, une répression violente, ou encore des arrestations arbitraires. 

C’est dans cette optique que des officiers s’échinent actuellement à replacer l’armée sur son piédestal. Malgré les propos vantant sans cesse l’unité de l’armée, les militaires sont persuadés que le danger les guette. Quand, lors du sommet de Maputo, Andry Rajoelina s’est vanté de bénéficier du soutien de l’armée, pour camper sur sa position actuelle, c’est sans nul doute à juste titre que le médiateur de la SADC, l’ancien président mozambicain, Joaquim Chissano, lui a rétorqué que durant son passage à Antananarivo, il a vu « deux armées ». Le risque d’un déchirement est bien réel.