vendredi , 3 mai 2024
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Le feuilleton « Air Force One 2 » connaît un nouveau rebondissement. Le ministre des Transports de la HAT, Roland Ranjatoelina, a jeté un pavé dans la marre en reconnaissant la difficulté des autorités de fait à vendre l’avion présidentiel acheté à prix d’or. Malgré une décision de justice prononcée contre le président évincé Marc Ravalomanana, aucune certitude n’est établie pour ce qui est de l’acquisition de cet appareil.

Avion présidentiel à vendre : qui veut dépenser beaucoup de millions ?

Autorité cherche acheteur pour avion présidentiel. Pratiquement un an après son dernier vol, l’Air Force One 2 est toujours cloué au sol à Ivato. Cet avion a été au cœur de la propagande de Andry Rajoelina quand il menait le mouvement populaire visant à renverser le président élu. « De l’argent du peuple gaspillé pour acheter un jouet personnel », disait-il. Le maire d’Antananarivo d’alors avait alors promis que quand il aura le pouvoir, il va mettre en vente l’appareil acheté à 60 millions de dollars. Face aux difficultés financières de l’Etat et la suspension des aides et financements extérieurs, le produit de cette vente serait de l’argent tombé du ciel.

Janvier 2010, l’Air Force One 2 devient un fardeau pour la HAT. Le ministre des Transports ne ménage pas les dirigeants précédents pour expliquer la difficulté de trouver preneur. « L’achat a été fait par des gens qui ne connaissent rien en avion, martèle l’ancien cadre d’Air Madagascar. Les checks obligatoires sont tombés au moment de la transaction ». En clair, Pour pouvoir voler à nouveau, l’Air Force One 2 de la République de Madagascar devra passer des tests de vérifications qui s’avèrent coûteuses. « Il y a aussi la question de la certification, rapporte le ministre des Transports. Cet appareil est certifié FAA valable en Amérique, si on veut l’exploiter en Europe, il faudra acquérir la certification EASA ».

A part ces détails techniques qui pourraient décourager les acheteurs possibles, le plus gros problème concerne le prix de mise en vente. Dans un élan de populisme sur la place du 13 mai,  Andry Rajoelina avait promis 60 millions de dollars pour acheter des produits de première nécessité aux malgaches. Le hic est que personne ne veut mettre autant d’argent pour le Boeing transformé en hôtel de luxe. « Selon des experts, le prix de cet avion est d’environ 38 millions de dollars, affirme le ministre Ranjatoelina. Neuf, il est proposé à 49 millions de dollars, je vous invite à en tirer des conclusions », dit-il à l’endroit des journalistes.

Le flou persiste donc sur l’argent avec lequel l’avion présidentiel a été acheté. Roland Ranjatoelina insinue que l’avion vaut en réalité 38 millions de dollars et que cela correspond à une somme qui avait déjà été évoquée par un responsable de l’ancien régime. Le ministre de la HAT a surtout surpris quand il a avoué que les autorités ne sont pas sures s’il s’agit d’un achat ou d’un don. A un moment, le ministre des Finances de l’époque, Haja Razafinjatovo, avait déclaré que la moitié de la somme a été payée par des fonds propres appartenant au président de la République. La représentation de l’Union Européenne avait été prompte à réagir sur un mélange de l’argent public avec de l’argent privé.

Au début de la crise politique, les opposants avaient soupçonné le président Ravalomanana d’avoir reçu un cadeau de la part de la multinationale Daewoo Corporation en échange de la mise à disposition d’un terrain de 1,3 million d’hectares.  Y a-t-il corruption quand le présent en question s’agit d’un avion présidentiel appartenant à la République de Madagascar et non au président. Si c’était un don, Daewoo pourrait-elle s’opposer à la revente du Boeing 737 ? 

La HAT a déjà épinglé le président évincé Marc Ravalomanana, le condamnant pour l’achat de cet avion présidentiel. A part les sanctions pénales, un dommage et intérêt s’élevant à 70 millions de dollars avait été demandé par la justice. L’ancien chef de l’Etat est accusé d’avoir utilisé l’argent public, 100 milliards d’ariary  pour acheter un avion appartenant à l’Etat. En réalité, ce n’est pas l’utilité de l’avion présidentiel qui était en cause mais le caractère luxueux de celui-ci.

La HAT se trouve dans l’embarras entre le fait de dépenser de l’argent pour entretenir un avion cloué au sol et la tentation de le vendre à prix bradé, loin des 60 millions de dollars. La non reconnaissance internationale des autorités de fait complique encore plus la donne. Reste à espérer qu’un prince d’un pays peu regardant sur ces principes démocratiques n’y voit que l’occasion de réaliser une bonne affaire.  Ce sera alors le premier investissement concret venant de l’Arabie saoudite. Comme l’avait promis Andry Rajoelina sur la place du 13 mai.