dimanche , 5 mai 2024
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Le redémarrage de la société d’Etat Sirama, fleuron de l’industrie sucrière du pays, a été le départ d’une campagne préélectorale pour Andry Rajoelina. Pour sa première sortie en province en tant que président de la transition, il a redéfini la mission qui devrait le propulser vers la 4ème république.

Brickaville : Andry Rajoelina déjà en campagne… sucrière

Le discours a un peu évolué pour le président de la transition. Fini les programmes de développement populistes censés répondre aux désirs du peuple exprimés sur la place du 13 mai. A Brickaville, Andry Rajoelina s’est montré plus pragmatique. Il a défini la mission de la transition comme étant d’abord le retour à la normale de la paix sociale et du contexte économique. Sur le plan politique, le gouvernement de transition va s’atteler à la préparation des élections.

Le premier défi pour Andry Rajoelina sera de modifier la constitution de la République pour qu’il puisse se présenter à l’élection présidentielle. « Il nous faut une constitution qui est adaptée à notre époque », a-t-il martelé. Selon le président de la transition, ce nouveau texte fondamental devrait éviter toute dérive qui amènerait le peuple à renverser les dirigeants. Andry Rajoelina souhaite que la Constitution donne plus de considération aux communes. 

Le jeune président de la transition ne perd pas de vue la visée présidentielle. S’il a perdu le pari d’organiser les élections de manière unilatérale, Andry Rajoelina donne toujours autant d’importance à l’organisation de ces scrutins qui devraient être transparentes et équitables. A Brickaville, le jeune homme s’est déjà comporté comme un candidat, un exercice qu’il connaît en ayant brigué la mairie de la capitale.

Andry Rajoelina aime toujours parler de lui à la troisième personne. La Sirama a été le premier sujet de sa propagande en tant que président de la transition. « Andry Rajoelina vient pour apporter une solution… Andry Rajoelina apporte la lumière », dit Andry Rajoeilina. « Il y avait eu beaucoup de promesses, ce que nous faisons c’est travailler et non pas promettre », ajoute-il à la grande joie de l’assistance.

Le travail en question concerne le redémarrage de l’industrie sucrière à Brickaville. Le président de la transition a « offert » une enveloppe de 1,9 milliard d’ariary pour payer les salaires des employés de la Sirama. L’effet d’annonce est assuré même si en réalité, la solution et la lumière ne sont pas aussi efficaces que cela. Il s’agit d’arriérés de soldes sur 31 mois. La Sirama compte environ 3000 salariés dont des employés saisonniers.

Le geste généreux du président de la transition, en réalité de l’Etat, n’est qu’une bouffée d’oxygène. La Sirama  ne pourra respirer à nouveau que lorsque la reprise dans le cadre de la privatisation sera effective. Pour Andry Rajoelina, l’événement de Brickaville est une opération de communication. Le président de la transition est venu « apporter quelque chose de sucré » à des gens qui on goûté à l’amertume de la vie.

Andry Rajoelina a signifié qu’il est le seul maître à bord en insistant sur le fait que les deux « co-présidents du conseil présidentiel » ne dirigent pas avec lui. Andry Rajoelina confirme la tabou dans les rang de sa mouvance et des médias qui lui sont fidèles : pas question de reconnaître les deux co-présidents de la transition. Il invite à se référer à l’interprétable article de l’acte d’Addis Abeba sans mentionner le communiqué final qui enlève toute ambiguïté en sa défaveur.