samedi , 4 mai 2024
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Si le déplacement du premier ministre de la mouvance Rajoelina à Maputo a été infructueux, la HAT ne baisse pas les bras. Le colonel Albert Camille Vital est dépêché à Addis Abeba pour tenter d’éviter la proclamation de sanction qui sera suivie par la communauté internationale. Les avis divergent sur un éventuel retour à la table de négociation.

Camille Vital à Addis Abeba pour convaincre le GIC, la HAT dit non !

Pas de déclaration. Le premier ministre Vital n’est décidément pas très loquace quand il s’agit de ses missions à l’extérieur. Le mutisme après Maputo et avant Addis Abeba inquiète au plus haut point la mouvance Rajoelina, en particulier les partis politiques faisant partie de l’ancienne Haute autorité de la transition. Les autorités de fait n’ont pas été invitées à la réunion du Groupe international de contact tout comme les trois autres mouvances politiques. Officieusement, Camille Vital est envoyé pour faire du lobbying auprès des membres du GIC et non pas auprès de l’organe de résolution de la crise malgache. Pour ce déplacement à Addis Abeba, il est accompagné du ministre TGV Hajo Andrianainarivelo et du conseiller de Andry Rajoelina et homme fort d‘Ambohitsorohitra, Zazah Ramandimbiarison.

Cette mission de la HAT est une réponse aux supposées opérations de lobbying entreprises dernièrement par le président évincé Marc Ravalomanana. Les autorités de fait redoutent en effet que la « mainmise » de la SADC sur l’Union africaine, présidence du Malawi oblige, n’emmène le GIC à prendre un décision « partiale ». Pourtant, les dés sont jetés pour ce qui est de la position adoptée par la communauté internationale : la seule issue reconnue est l’application des accords de Maputo et d’Addis Abeba. Jean Ping, président de la Commission de l’UA a affirmé lors de son passage à Antananarivo en janvier 2010 que la mission de médiation conduite par l’ancien président mozambicain Joaquim Chissano est déjà terminée.

Si négociation devait y avoir, elle concernera uniquement la réalisation de la Charte de la transition malgache et de l’acte additionnel signés par les quatre chefs de mouvance. Les autorités de fait ne l’entendent pas de cette oreille. Les membres de la HAT verrouillent la porte du pouvoir empêchant Andry Rajoelina de revenir à la table des négociations après les étapes unilatérales franchies depuis décembre 2009. « Il est hors de question de revenir à la Charte de Maputo, clame Marson Evariste. Ce serait une condamnation à mort du régime de transition et du mouvement populaire ».  Les alliés de Andry Rajoelina lui intiment de faire preuve de fermeté sur les décisions que le jeune président de fait a prises, en particulier la petite constitution personnalisée remplaçant la Charte de Maputo sous l’apparence d’un décret portant réorganisation de la transition. Cette intransigeance est considérée comme le seul moyen de garantir la stabilité de la HAT.

Reboza Julien, membre de la HAT voit plus loin que la pérennisation et la stabilisation du régime de transition mais s’accorde à dire qu’un retour à la Charte de Maputo est inconcevable pour les autorités de fait. « La priorité est de réclamer le changement mais non pas la répartition des rôles comme si on distribuait des petits pains », dit-il. L’ancien député fait preuve de suffisance face à une reprise probable des négociations. « Accepter le dialogue ne signifie pas faire des concessions ni montrer de la faiblesse », clame-t-il. Une position bien radicale à un moment où la HAT n’a jamais été aussi fragilisée.