samedi , 27 avril 2024
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Le premier ministre de la HAT condamne l’attitude de la communauté internationale qui refuse toujours de reconnaître et qui pourrait sanctionner le régime de transition. Camille Vital fustige aussi les trois autres mouvances qui contribuent selon lui à cette non reconnaissance.

Camille Vital : « c’est la communauté internationale qui nous rejette »

Le colonel Camille Vital n’est pas un politicien, c’est encore moins un diplomate. Le premier ministre de la HAT a réagi de manière incisive sur les sanctions internationales infligées par l’Union Africaine et qui sont susceptibles d’être appliquées par d’autres pays et organisations. « Ces pays ont une ambassade chez nous, pourquoi ne pas enlever ces représentations », a-t-il déclaré en marge d’une mission officielle  à Morondava. Sans le nommer, le chef du gouvernement de la mouvance Rajoelina vise l’ambassadeur des Etats-Unis. Niels Marquardt vient en effet de désavouer la HAT sur la feuille de route unilatérale visant à organiser coûte que coûte une élection unilatérale. Ce n’est pas la première fois que des mesures de réprimande sont évoquées par l’entourage du président de la HAT. Le Lt-colonel  Lylson, commandant de la Force d’intervention spéciale de Andry Rajoelina a déjà préconisé l’interdiction pour les ambassadeurs peu complaisants de sortir de leur ambassade. 

La HAT s’est lancé dans un bras de fer avec la communauté internationale. Camille Vital cite la France, l’allier de toujours, comme un bon exemple. Il donne une importance particulière à la visite du Secrétaire d’Etat français à la Coopération et à la Francophonie et du Conseiller Afrique du président Nicolas Sarkozy. « Cela signifie que la France approuve la politique à Madagascar (sic) et que les élections seules constituent la voie pour sortir de la crise », affirme le premier ministre de la HAT. Camille Vital fait référence à la feuille de route qui vise à organiser des élections dans un bref délai. La mise en place de la Commission électorale nationale indépendante est l’argument majeur de la mouvance Rajoelina. L’autorité de fait ne s’est pas encore prononcée sur la proposition française formulée par Alain Joyandet, à savoir l’annulation de l’élection d’une assemblée constituante et la constitution d’un gouvernement d’union nationale.

« Nous ne nous querellons pas avec la communauté internationale, c’est elle qui nous rejette », dénonce le premier ministre Vital. Le colonel essaie de relativiser la portée des sanctions personnelles, estimant que cela n’empêche pas la HAT de travailler. « Des sanctions, on en a tous eu à l’école, moi-même j’ai déjà été puni », tempère-t-il. Et d’ajouter qu’ « il faut les affronter ». Camille Vital attribue la responsabilité de ces sanctions à trois personnes qu’il n’a pas nommées. Vraisemblablement, le chef du gouvernement de transition fait référence aux trois anciens présidents et chefs de file de mouvance Ravalomanana, Ratsiraka et Zafy.

Pour l’heure, les tenants du régime de transition de fait n’ont pas été trop inquiétés par l’impact des sanctions personnelles infligées par l’Union Africaine. La perspective d’un ralliement de l’Union Européenne et des Etats-Unis à des mesures contraignant la HAT à revenir à une transition inclusive et consensuelle suscite toutefois des craintes non dissimulées. Les sanctions économiques et l’arrêt progressifs des projets de développement risquent de rendre l’autorité Rajoelina de moins en moins populaire. L’image revendiquée de la victime est toujours susceptible de laisser transparaître celle du responsable de la faillite de toute une nation.