jeudi , 2 mai 2024
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La semaine d’après pentecôte a été mouvementée aussi bien pour les autorités que les consommateurs. Un dérèglement inexpliqué du circuit de distribution de carburants a entraîné la rupture de stock et de longue file d’attente auprès de nombreuses stations-services. La HAT a craint une manœuvre de déstabilisation et ouvre une enquête policière sur les opérateurs pétroliers.

Carburant : une crise artificielle et passagère ?

Tout le monde  a été dépassé par les événements. Il a suffi que quelques stations-services soient à court de carburants que la psychose fasse son apparition. Dès mardi après la pentecôte, de longues files d’attentes se sont formées devant les stations qui ont encore des stocks. Il n’y en avait pas forcément pour tout le monde. Pendant deux journées, les tananariviens ont vécu un calvaire car les transports en commun ont quasiment disparu de la circulation. Même les taxi-brousses ne pouvaient pas partir faute de gas-oil.

Les compagnies pétrolières sont soupçonnées par les autorités en place d’avoir provoqué une pénurie artificielle de carburant. La HAT et sa politique sécuritaire craint une manœuvre malintentionnée pour créer des troubles sociales et économiques à des fins politiques suite aux  résolutions de la SADC à Sandton. « L’Etat essaie de connaître l’origine du problème et va sanctionner l’instigateur ».

Des responsables au niveau des compagnies pétrolières ont été convoqués et entendus par la police économique à Anosy. L’enquête viserait à déterminer si la rétention de stock a été intentionnelle. L’autre hypothèse est celle d’une pression que les pétroliers veulent mettre sur la HAT pour que les prix à la pompe soient revus à la hausse. Le délai de six mois que la loi donne au gouvernement pour imposer des prix plafonds va bientôt expirer.  

Pénurie artificielle et psychose

Que s’est-il passé ? Les premières explications du Groupement des pétroliers de Madagascar (GPM) étaient loin de convaincre. Le long week-end de la pentecôte ne pouvait être la seule raison de cet épuisement inhabituel des stocks. La consommation ne pouvait même pas atteindre le niveau du week-end pascal. Quelques jours auparavant, une information concernant une grève non déclarée des transporteurs d’hydrocarbures avait circulé. Vu que les compagnies ont leur propre logistique pour approvisionner ses stations-services, les autorités soupçonnent les distributeurs.

« Il n’y a pas de pénurie à craindre actuelle ni future », a rassuré Nicolas de st-Olive, parlant au nom  GPM. Les stations ont été en situation rupture de stock, a-t-il reconnu, mais les logisticiens s’activent pour régler le problème. « Les livraisons ont été augmentées afin de satisfaire la demande croissante ». Après deux jours de psychose, le problème  de distribution a été réglé. «  Afin que la distribution se fasse de manière normale, nous invitons les consommateurs à ne pas changer leur mode de consommation actuelle », a appelé le GPM.  

« Les consommateurs ne doivent avoir de crainte de pénurie, il faut enquêter pour déterminer les causes de la psychose ». C’était la première réaction du ministère chargé des hydrocarbures quand l’épuisement des stocks des stations-services a été constaté. La première mesure a été d’approvisionner ces stations par les réserves du dépôt à Antananarivo. Quelque 45 camions ont été mobilisés. « Soyons serein car la psychose dérègle le circuit d’approvisionnement de nos stocks », a lancé le ministère. Antananarivo dispose de 70 jours de stock pour le super carburant, 36 jours pour l’essence tourisme et 46 jours le pour gas-oil.

Le ministère des Mines et des Hydrocarbures a un temps soupçonné les stations-services et demande aux gens de signaler les longues files d’attente et les stations qui ne vendent pas. « Nous ne faisons pas de rétention de stock, nous n’avons pas été correctement approvisionnés depuis une semaine et on subit aussi cette situation », se défend un gérant. Des 6000 litres tous les trois jours, il n’avait reçu que 1000 litres.