samedi , 4 mai 2024
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Au lendemain de l’annonce par le président de la HAT de la tenue d’une élection législative le 20 mars 2010, la ministre de l’Intérieur Cécile Manorohanta - Dominique a confirmé la faisabilité du scrutin avec le financement de l’Etat malagasy. Les autorités de fait font l’impasse sur la réforme de fond en comble du système électoral promis sur la place du 13 mai.

Cécile Manorohanta : une élection législative facile et réalisable ?

Les 30 milliards d’ariary nécessaires aux préparatifs sont entièrement financés par l’Etat. Cette autonomie financière permet-elle pour autant d’afficher autant de suffisance ? C’est un défi lancé à l’endroit des bailleurs de fonds qui conditionnent les aides budgétaires avec le retour à l’ordre constitutionnel. La ministre de l’Intérieur reformule la déclaration du président de la HAT : « nous allons mettre en place une assemblée constituante afin de connaître qui vont représenter le peuple ».

Cécile Manorohanta assume de manière officieuse le rôle du premier ministre par intérim. « Le problème dans le cas précédent, c’est qu’on ne pouvait pas définir la majorité qui devait nous conduire vers la 4ème République», dit-elle, confirmant la désignation du chef de gouvernement à l’issue des législatives du 20 mars 2010. Face au scepticisme sur la tenue d’une élection dans un aussi bref délai et vu les revendications de la mouvance Rajoelina sur la réforme du système électoral, la ministre de l’Intérieur se montre optimiste. « C’est faisable, dit-elle, que nous tournions dans tous les sens, on arrive toujours à la seule et unique issue : les élections ».

Pour justifier autant d’optimisme, Cécile Manorohanta peut évidement compter sur un budget disponible prévu dans le projet de loi des finances 2010. « Les législatives sont parmi les élections faciles à organiser puisqu’il s’agit d’une élection de proximité », renchérit-elle. La ministre estime que l’implication des candidats et de leurs délégués dans la surveillance du scrutin permet de limiter les fraudes. « Il n’y a pas trop de problèmes », conclut-elle.

« Ce qui est nouveau, c’est le Conseil national électoral indépendant ». La ministre Manorohanta ne donne pas de détails. Cet organe prévu dans la charte de la transition malgache signée à Maputo pourrait en effet arrondir les angles et faire oublier l’unilatéralisme de l’organisation de ce scrutin. Le CNE, à son époque revendiquait déjà son indépendance, Théodore Randrezason affirmait alors que rajouter un « I » n’est que symbolique. Quoiqu’il en soit, le conseil électoral joue le rôle d’arbitre mais l’organisation matérielle du scrutin est aux mains du ministère de l’Intérieur.

Andry Rajoelina prétend que « ses » législatives du 20 mars 2010 seront le premier scrutin juste, transparent et fiable à Madagascar. En perpétuelle propagande, son discours n’étonne pas mais suscite le doute. Il est difficile de croire que l’administration Rajoelina dépourvue de l’aide internationale puisse faire un recensement de la population et des électeurs en moins de trois mois.

La promesse de délivrer 3 millions de cartes d’identité nationales pour que tous les citoyens âgés de plus de 18 ans puissent voter reste une promesse. L’administration TGV avait corsé un peu plus le défi en évoquant le lancement de nouvelles cartes d’identités biométriques qui seront infalsifiables. Le calcul politique dans ces législatives ne correspond pas toujours à la réalité mais le projet n’est pas impossible. Les autorités de fait n’ont pas peur de mettre leur crédibilité en jeu.