dimanche , 28 avril 2024
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Pour le moment, la CENI travaille et communique mais souffre déjà de l’étiquette HAT qui lui colle à la peau. Elle n’a pas trouvé jusqu’ici les moyens de remplir le critère d’inclusivité mais veut avancer dans le fait accompli. Elle met en jeu sa crédibilité et sa capacité à garantir la transparence d’une élection.

CENI : les opposants n’ont pas permis d’enlever l’étiquette HAT

Un membre de la Commission électorale nationale indépendante nommé ministre de l’Intérieur du gouvernement de la HAT, ce n’est peut-être qu’une maladresse politique. En tout cas, ce n’est pas le meilleur moyen d’affirmer que la CENI est indépendante et n’a pas de lien avec l’autorité de fait qui l’a mise en place et qui a nommé ses membres. Peut-être que parmi les administrateurs civiles, il n’y a avait qu’un ministrable. Encore heureux que l’administration a trouvé un remplaçant au dénommé Jean. Jean de Dieu Raveloson a prêté serment à la Cour suprême comme étant le nouveau membre de l’administration au sein de la CENI.

Pour le président de la commission électorale de la HAT, tout va pour le mieux car la CENI peut travailler. Le fait que les membres de la commission ne sont pas au complet, en raison de l’absence de représentants de l’opposition, en l’occurrence les trois mouvances, ne constitue pas selon lui un obstacle. « On a fait appel à ces gens dans un souci de transparence totale ; ce qu’on cherche c’est que les élections soient transparentes », se justifie Hery Rakoromanana. Il reconnaît que « la présence des opposants est la meilleure garantie pour la transparence ». Peu importe, le président de la CENI fera sans puisqu’il faut organiser les élections, insiste-t-il. « Nous avons épuisé tous les moyens », dit-il en parlant de l’invitation aux trois mouvances d’intégrer la CENI.

 La CENI est pour le moment accaparée par la mise en place de ses démembrements et ses 60 000 représentants au niveau des collectivités, allant des fokontany aux régions, passant par les communes et les districts. De telles avancées sans la présence des opposants dans son organisation n’enlèvent pas le soupçon de manipulation de la part de l’autorité en place. Hery Rakotomanana a mis en doute la crédibilité de l’organe en affirmant que la CENI était prête à organiser le référendum le 12 août 2010 alors qu’elle n’avait même pas commencé à mettre en place ses démembrements.

La mission de cette commission qui devrait avoir plus de pouvoir que l’ancien CNE n’a pas encore été mise à l’épreuve dans la pratique. On peut donc accorder le bénéfice du doute à la CENI concernant sa capacité à préparer, organiser et arbitrer un scrutin en toute neutralité. Le problème est que le scrutin unilatéral de la HAT risque de jeter le discrédit sur cette nouvelle institution et sur les autres élections à venir. Quoiqu’en dise Hery Rakotomanana et son équipe, la commission est exploitée politiquement afin de légaliser une autorité par des élections en tenant les opposants à l’écart. La stratégie de la HAT et repris involontairement par la CENI : « on les a appelés mais ils ne sont pas venus, on s’en lave les mains ».

La HAT est prête à mettre les moyens pour que la CENI organise les élections qui les dispenseront d’un accord politique pour une transition démocratique au risque de donner l’égalité des chances à tous les protagonistes. Quelque 7,5 milliards d’ariary ont été octroyés par l’autorité pour le fonctionnement de la commission et l’organisation des scrutins. « Ce n’est pas suffisant, déclare Hery Rakotomanana, l’Etat a déjà accepté d’accorder un budget de rallonge », dit-il. La HAT n’ pas perdu le contrôle des opérations.