mercredi , 1 mai 2024
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Quelle est la crédibilité qui reste à la CENIT à l’issue du 1er tour de l’élection présidentielle malgache de 2013 ? Malgré les critiques des observateurs, les velléités des chefs Fokontany et les plaintes des candidats déposées à la Cour électorale spéciale, la Commission électorale est en passe de remporter son pari d’organiser une élection libre et transparente. Le scrutin était-il juste et sera accepté par tous, le débat est ouvert.

CENIT : une organisation contestée et des résultats incontestables ?

Les résultats du 1er tour ne sont pas complets, mais la CENIT a décidé de les publier. Les quelque 85 bureaux de vote qui n’ont pas encore livré leur PV ne seront pas pris en compte. De même, 4 autres seront écartés pour défaut de carence sur le PV. Ces faits illustrent l’imperfection de l’appareil électoral, mais ils ne sont pas matière à remettre en cause les rangs des candidats. Jean Louis Robinson du parti Ny Avana et de la mouvance Ravalomanana est crédité de 21,12% et affrontera Hery Rajaonarimampianina de Hery Vaovao, officieusement candidat du régime de transition et de la mouvance Rajoelina qui a récolté 15,92% des suffrages.

En face, le collectif des candidats conteste les résultats pour cause d’anomalies flagrantes dans l’organisation. Il regroupe les grandes déceptions du 1er tour, notamment Pierrot Rajaonarivelo, Jean Lahiniriko, Monja Roindefo et Voninahitsy Jean Eugène et des petits candidats comme Alain Tehindrazanarivelo et William Noelson qui a été rejoint par une grosse pointure, à savoir Camille Vital. Difficile pour tout ce petit monde d’avoir une légitimité pour annuler les résultats puisqu’ils ne cumulent même pas 15% des voix. Les revendications vont de l’annulation du scrutin à l’organisation d’un nouveau 1er tour.

Le nombre d’électeurs qui n’ont pas pu accomplir leur devoir le 25 octobre 2013 sert à justifier la contestation. Les estimations divergent puisque certains parlent de 600 000 noms supplémentaires qui auraient dû figurer sur la liste électorale. Les plus critiques envers la CENIT à l’instar de Pety Rakotoniaina prétendent que 30% des citoyens en âge de voter, soit près de 2,3 millions d’électeurs ont été écartés. Cette affirmation se base sur une estimation de l’INSTAT selon laquelle il y a plus de 10 millions de Malgaches ayant 18 ans et plus.

Sous l’influence des partenaires internationaux qui ne voyaient une ouverture de la liste électorale que comme une source de dépense supplémentaire, le gouvernement et la CENIT avaient cédé. La pression politique et la menace de contestation les ont fait changer d’avis. Les électeurs écartés lors du 1er tour de la présidentielle seront bien intégrés. Encore faut-il que la méthode et le temps le permettent. La CENIT ne jure que par ses agents électoraux qui avaient déjà montré leurs limites. « Ce sont des gens qui n’habitent pas le quartier et qui se contentent de frapper aux portes des maisons sans connaître ceux qui y vivent », a reproché un chef de Fokontany.

Ecartés de la préparation de la liste électorale, les responsables des Fokontany sont vaguement sommés de collaborer. Ils n’avaient pas eu le temps de distribuer les cartes d’électeur et n’ont pas fait l’effort nécessaire. Pour le second tour, leur contribution restera mineure, cantonnée à la remise des cartes aux électeurs et à signaler auprès du Centre informatique du District les anomalies.

La CENIT n’est pas convaincue qu’il peut y avoir des électeurs ayant une carte et ne figurant pas sur la liste électorale. L’explication serait la répartition dans plusieurs bureaux de vote. Les concernés auraient donc cherché dans la mauvaise liste ou se sont présentés dans le mauvais bureau. Un argument assez léger quand on sait que le numéro de bureau de vote figure sur la carte d’électeur.