lundi , 6 mai 2024
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Le père Sylvain Urfer a quitté définitivement la Grande Ile après un peu plus de 30 ans de séjour en terre malgache. Il n’est pas le seul Français qui a fait l’objet, au cours des dernières années, d’une mesure d’expulsion du ministère de l’Intérieur. Lequel, il faut le préciser, n’est pas obligé de justifier pareille décision.

Ces Français qui dérangent Marc Ravalomanana

La police était venue le chercher à son désormais ancien domicile. Le père Sylvain Urfer, un jésuite connu pour avoir été membre de l’observatoire de la vie publique (Sefafi), a été expulsé du territoire malgache et a quitté le pays à bord d’un avion d’Air France la nuit du vendredi 11 mai. Il avait 48 heures pour plier bagage.


Sylvain Urfer était une personnalité connue également du quartier populaire d’Anosibe, dans la capitale, pour y avoir officier en tant que curé durant des années.


Evidemment, l’église catholique, ou tout au moins ses dirigeants à Madagascar, se sent outrée par cette mesure d’expulsion. L’archevêque d’Antananarivo, Odon Razanakolona, a du mal à cacher sa déception. Il aimerait bien connaître les motifs officiels de l’expulsion du père Sylvain Urfer.


L’ambassadeur de France à Madagascar, Alain Le Roy, a déjà eu un entretien en tête-à-tête avec le ministre malgache des Affaires étrangères, Marcel Ranjeva, mais rien n’a filtré de la rencontre.  


Dans le haute sphère, on parle de « raison d’Etat » en évoquant la mesure administrative à l’encontre de Sylvain Urfer.


Ce qui est sûr est que ce père jésuite qui vient d’être contraint de quitter la Grande Ile n’a jamais porté en son cœur l’actuel homme fort de Madagascar. Un journaliste malgache a été témoin, il y a quelques années, des propos acerbes qu’il a tenu à l’égard de Marc Ravalomanana dans des discussions privées, du genre « il est nul ce Ravalomanana ». A l’époque Marc Ravalomanana était maire de la capitale, Antananarivo. Ce n’est certainement donc pas la personne qu’un certain Sylvain Urfer aurait souhaité diriger le pays un jour. Mais depuis, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Le Sefafi, dont Sylvain Urfer était un membre actif, n’a cessé de formuler des observations très critiques à l’endroit de la gestion des affaires publiques à Madagascar.  


Un autre Français a également payé cher sa méfiance à l’égard de Marc Ravalomanana quand celui-ci commençait à entrer dans l’arène politique. Le journaliste Christian Chadefaux, quand Marc Ravalomanana a été élu Maire en 1999 a écrit une dépêche très critique à son sujet. Cet ancien rédacteur en chef de l’Express de Madagascar et du journal Les Nouvelles a été expulsé en 2006.


Le point commun entre ces deux personnalités a été donc leur aversion à l’égard de Marc Ravalomanana dès les premières heures de prise de pouvoir de ce dernier. 


Pour des raisons inconnues également, un autre journaliste, Olivier Péguy, ancien correspondant de RFI a été expulsé du territoire malgache en 2005.


Les réactions divergent naturellement au sujet de ces expulsions. S’agissant du père Sylvain Urfer, c’est l’opposition qui a été parmi les premières entités à récriminer la décision. José Rakotomavo, un dirigeant du parti Arema, a été présent à l’aéroport au moment du départ du prêtre jésuite.


Un journaliste qui a requit l’anonymat classe par ailleurs Sylvain Urfer parmi « les étrangers donneurs de leçon » dont la Grande Ile peut bien se passer et estime que, tout comme l’expulsion d’un certain nombre de Malgaches de France, le départ de quelques Français de Madagascar ne devrait en aucun cas outrer l’église catholique et la chancellerie française.