mercredi , 8 mai 2024
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La liberté de la presse est devenue une fiction à Madagascar. Les autorités ne se limitent plus à leur campagne de dissuasion envers les médias et les journalistes. La radio de l’église FJKM qui est une voix de l’opposition à l’arbitraire du « régime illégal » est continuellement harcelée. Le directeur de la station et un journaliste sont jetés en prison.

C’est le deuil de la liberté de la presse à Madagascar

Quand on est à la recherche du scoop, il vaut mieux être le premier sur le terrain. Mal en a pris au journaliste de la radio Fahazavana qui était présent à Ampahibe, le matin où il y avait une tentative de mutinerie au Régiment d’Appui et de Soutien, le 29 décembre 2009. Le reporter Lôlô Ratsimba a été inculpé pour complicité avec les sous-officiers mutins. Les enquêteurs estiment que sa présence sur les lieux à « 04 heures » du matin est la preuve de son implication.

Pour sa défense, le journaliste de la Radio Fahazavana d’expliquer qu’il n’a été arrivé à Ampahibe qu’à 5h30. De plus, c’est un auditeur qui a informé la rédaction de l’événement qui était en train d’avoir lieu. Par professionnalisme, le reporter s’est déplacé sur le terrain. Comme il était le seul à couvrir l’événement, les enquêteurs voient une occasion pour réprimander la radio d’opposition. Le directeur de la station, Didier Ravoahangiarison est aussi placé sous mandat de dépôt. Le journaliste présentateur qui a assuré l’antenne ce jour-là a bénéficié d’une liberté provisoire.

Cette affaire judiciaire est purement politique. A preuve, d’autres radios ont aussi publié l’information le jour du 29 décembre. La radio Antsiva, propriété du PDS d’Antananarivo et la voix de propagande de la HAT, a le mérite de ne pas censurer l’opposition. Cette station qui a diffusé le processus de coup d’Etat en direct durant le premier trimestre 2009 a aussi couvert l’événement au camp du RAS. L’adjudant-chef qui était à la tête de la mutinerie est même intervenu sur les ondes d’Antsiva.

La radio Fahazavana a déjà été avertie par une courte suspension de son journal parlé et de son émission « Ampenjika » où les auditeurs sonnent un autre son de cloche qu’un soutien indéfectible au TGV. En termes d’agressivité et de provocation, les auditeurs de cette radio d’église ne font pas le poids devant les auditeurs et les animateurs de la radio présidentielle Viva. En propagande permanente, la HAT a compris que la radio est une arme essentielle pour faire basculer l’opinion.

D’autres médias ont aussi fait l’objet de traitement spécial par la HAT. La présidence filtre les chaînes de radio et de télévision par invitation alors qu’Ambohitsorohitra organise une conférence de presse. La propriétaire de Midi Madagasikara a été une fois inquiétée par la justice à cause d’une annonce publiée dans le journal. C’est aussi un moyen de pression sur son mari Mamy Rakotoarivelo alors nommé président du congrès de la transition.

Il n’y a que sur Internet que la résistance à la HAT est plus forte que la propagande de la mouvance Rajoelina même si le piratage des sites anti-TGV ou pro-Ravalomanana est assez courant. Les chroniqueurs travaillant pour les autorités ont même menacé certains sites parodiques et blogs. Donneurs de leçon, ils tancent les confrères journalistes trop critiques, prétendant paradoxalement être les détenteurs de la bonne foi et de l’honnêteté intellectuelle. Le super club de chroniqueurs a appelé avec insistance les autorités à prendre des mesures contre la Radio adverse, Fahazavana.

Le plus drôle dans toutes ces histoires de médias, c’est que les autorités de fait prétextent leur prise de pouvoir par la lutte pour la liberté. La fermeture de la radio Viva vaut-elle un an de crise politique, sociale et économique. En tout cas, la liberté de la presse est une démagogie en 2010. Les prétendues anciennes victimes sont devenues des prédateurs encore plus féroces.