dimanche , 28 avril 2024
enfrit
La HAT a déjà fait part de sa contestation du projet de charte de la transition proposé par le Groupe international de contact. Elle a pourtant repris celui-ci dans ses grandes lignes, prenant soin de changer les nombres de sièges à pourvoir à son avantage et surtout d’exclure le président Ravalomanana.

Charte de la transition : vers un auto-couronnement de la HAT ?

Andry Rajoelina et Monja Roindefo ne veulent toujours pas partager le pouvoir dans un schéma de consensus mais les autorités de la transition acceptent volontiers de laisser des miettes aux trois autres mouvances. La charte de la transition proposée par la HAT est naturellement tendancieuse et n’a de vocation qu’à légitimer un pouvoir acquis par la force. Il ne s’agit en aucun cas de partage de pouvoir. Ce qui est illustré par le discours dans la mouvance Rajoelina répétant à toute occasion qu’ils ont vaincu le président Ravalomanana. 

Qu’en est-il vraiment ? La HAT veut avant tout sauver les sièges durement acquis par Andry Rajoelina et Monja Roindefo à la tête de l’Exécutif. Ce qui n’est pas forcément remis en cause par la charte consensuelle proposée par les médiateurs internationaux. L’important pour le jeune régime qui s’empêtre dans une interminable gestion de crise, c’est de ne pas froisser ses alliés, c’est-à-dire les politiciens de tous bords qui ont été récompensés par un siège pour leur participation dans le mouvement pour renverser le président élu. 

La tête des 22 membres du gouvernement Roindefo doit être sauvée. La HAT propose dans sa charte de conserver les actuels ministres dont nombreux ont inauguré le gouvernement insurrectionnel sur la place du 13 mai. Elle accepte de recueillir 7 autres ministres issus des trois mouvances. Il n’y a pas mieux pour garder le contrôle du gouvernement et éviter d’avoir le même nombre de ministres que les autres mouvances et avec la présence de trois vices premiers ministres.

La HAT veut aussi préserver ses actuels 44 membres et offre 10 autres sièges aux anciens sénateurs. Sans aucun fondement logique encore moins politique, le projet présenté par Roland Ratsiraka veut remplacer le Sénat par cette institution « bâtarde » qui a un pied dans l’exécutif et un autre dans le législatif. Pour réparer l’erreur de jeunesse qui a poussé Andry Rajoelina à dissoudre le parlement, sa mouvance devrait nommer 11 sénateurs en remplacement de ceux qui ont été nommés par le président Ravalomanana et composer avec les 22 sénateurs élus TIM. 

Pour ce qui est du congrès devant remplacer l’Assemblée nationale, la HAT se montre encore plus fantaisiste et gourmande. Elle veut s’octroyer une majorité qui a toujours été fictive : 128 membres à nommer par la HAT, 30 pour chaque mouvance et 7 pour la société civile. Décidément, le jeune pouvoir balbutie sa démocratie et ne prend pas compte des remarques de la communauté internationale sur le coup d’Etat institutionnel à Madagascar où l’on remplace des élus par des personnes désignées. 

Autres points marquant de la charte de la HAT, c’est l’amnistie pour Didier Ratsiraka et l’exclusion pour Marc Ravalomanana. Le texte proposé sonne comme une provocation envers les légalistes tout en tentant de faire les yeux doux à l’aile modérée de la mouvance Ravalomanana. Pour espérer l’imposer, la HAT doit passer par un référendum !