jeudi , 2 mai 2024
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Lors de son énième sortie médiatique de l’année, le colonel Richard Ravalomanana a un jeu d’acteur bien huilé. Il met en scène en conférence de presse l’efficacité des forces de l’ordre en exhibant les armes saisies et racontant le scénario des faits divers. Le commandant de la gendarmerie de la région Analamanga se fâche quand on soupçonne les autorités de faire du cinéma, d’autant qu’il s’agit d’un présumé projet de coup d’Etat.

Colonel Richard Ravalomanana : ce n’était pas « Malok’ila 9 »

Le colonel humaniste est respectueux des droits humains se montre volontiers très protecteur envers un suspect qui veut se rendre ! « Ce militaire avait peur d’être appréhendé, il souhaitait que son arrestation ne se fasse pas de manière musclée, raconte l’officier Ravalomanana. Je lui a alors dit de venir à mon bureau en tenue civile et de se présenter en tant que membre de ma famille ». C’est inédit comme scénario d’arrestation. Finalement, l’homme dont le nom a été cité par les prévenus arrêtés à Ambohijanaka a trouvé un autre moyen d’éviter d’avoir affaire avec la Force d’intervention spéciale. Il est venu se rendre au bureau de l’Etat-major à Andohalo.

Toujours dans cette affaire de coup d’Etat avorté, l’arrestation du colonel Raymond Andrianjafy reste un problème. L’homme fort de Fort Duchesne a défié tous ceux qui pensent l’arrêter alors qu’il dit ne pas être concerné. Il faut la diplomatie du colonel Ravalomanana pour écrire un scénario de dénouement : « seule l’enquête peut prouver l’implication ou non du « colonel Raymond ». Le commandant des opérations de la Force d’intervention de la gendarmerie nationale ne devrait s’opposer à une convocation des enquêteurs, suggère-t-il.

Les éléments de la gendarmerie sont les acteurs de faits divers dignes d’un vrai film malagasy. Voici comment le colonel Ravalomanana raconte les aventures de gendarmes braqueurs arrêtés à Itaosy après une première opération réussie de la police de la route sur la RN7. « Les braqueurs portent une tenue de la gendarmerie et sont postés non loin d’une localité. Ils ont arrêté un taxi-brousse pour détrousser un homme de 40 millions d’ariary ».

« L’alerte a été donnée, les motards d’Antsirabe se sont lancés dans la poursuite. Grâce à la communication, un barrage a aussitôt été dressé à Manandona. Les braqueurs ont été arrêtés et leurs armes saisies. Ces bandits dont le cerveau est un gendarme ont un arsenal impressionnant : fusil de guerre, kalachnikov, fusil à lunette avec silencieux, pistolets, munitions… Ils sont des auteurs de nombreuses attaques à mains armées et se donnent aussi dans le kinapping de « karana ».

En conférence de presse le colonel Richard Ravalomanana a été intarissable sur l’événement d’Ambohijanaka. « Ce n’était pas du cinéma, cinq acteurs opposant du régime actuel ne peuvent pas y jouer un rôle comme dans un film », affirme-t-il. Pour éclairer l’assistance, le colonel donne une leçon de cinéma : « dans un tournage, les gifles ne sont pas réellement données, alors que l’on a vu que l’un des prévenus avaient un œil vraiment enflé ! On ne va pas blesser un acteur dans le tournage de Malok’ila 9 ». Le commandant de l’Emmo Reg ne digère pas ce scepticisme : « on avait aussi parlé de cinéma lors des affaires de bombes artisanales alors qu’il y avait quatre morts ».

Hery Raharisaina de la mouvance Ravalomanana est convaincu que l’événement d’Ambohinaka était du cinéma. La mascarade est habituelle avant la tenue d’une réunion importante et que l’on essaie de persuader une mouvance ne pas y participer. « Si c’était vrai, cela montre la profonde division dans l’armée », dit-il.  L’ancien député dénonce une opération visant à ternir l’image du président Ravalomanana. « Ce n’est pas un mouvement pacifique qui dénonce un coup d’Etat depuis un an qui va en commettre », conclut-il.