jeudi , 2 mai 2024
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L’Assurance Aro fête ses 35 ans en 2010 avec un constat : les malgaches n’ont pas encore la culture de l’assurance. L’obligation d’en contracter pour les automobilistes n’a pas permis à la vulgarisation de cette « formalité administrative ». La taille restreinte du marché n’empêche pas la compagnie nationale d’avoir une bonne santé économique et financière.

Compagnie Aro : assez forte pour être assurée contre la crise ?

Aro est la première compagnie d’assurance de Madagascar, non seulement en raison de son ancienneté mais aussi parce qu’elle détient les 54% du marché. Le Directeur général, Patrick Andriambahiny dresse un bilan économique satisfaisant en cette période de crise. « Aro a une solidité financière avérée, elle a une marge de solvabilité de 149 milliards d’ariary, soit treize fois plus du montant requis » a-t-il expliqué. Malgré la crise, la compagnie a réalisé un bon chiffre d’affaires de 55,6milliards d’ariary en 2009, soit seulement -1,7 milliards d’ariary par rapport à l’exercice 2008.

Et pourtant, l’année 2009 avait très mal commencé pour les compagnies d’assurances. Aro a pu faire face à ses obligations envers ses clients qui ont subi des préjudices durant le soulèvement populaire et les pillages du 26 janvier. Le montant des dédommagements a augmenté de 193% pour atteindre les 79,4 milliards d’ariary contre 27,1 milliards d’ariary en 2008. Aro n’a pas pour autant terminé l’exercice 2009 dans le déficit mais il y a un recul de -30% au niveau du résultat qui a fléchi à 3 ,01 milliards d’ariary.

En 2010, seulement 1% des malgaches ont une assurance qui est pour la plupart une assurance automobile, la retraite complémentaire et une assurance souscrite par les sociétés. « Le faible pouvoir d’achat des ménages » est, selon le DG de la compagnie Aro, l’une des raisons de la faible pénétration auprès du grand public. « La culture de l’assurance ne fait pas partie de l’éducation des malgaches, constate Patrick Andriambahiny. Les gens doivent être convaincus que c’est nécessaire et indispensable et que cotiser un peu pourrait faire gagner beaucoup ». Il trouve que la loi malgache est un peu permissive. « A l’étranger, un locataire a l’obligation de souscrire une assurance incendie, chez nous c’est une exception », rapporte le DG de Aro.

« La compagnie Aro est aujourd’hui aussi forte grâce à sa politique prudentielle de gestion », se félicite Patrick Andriambahiny. Selon lui, la priorité est la sécurisation des sommes déposées par les clients. La compagnie n’investit que dans des secteurs porteurs et à faibles risques comme le bâtiment ou des placements sûrs. « On a une gestion de bon père de famille », conclut le Directeur général. Prenant en compte l’évolution du secteur qui est aujourd’hui libéralisé, Aro annonce pour bientôt un business plan pour les 10 ou 15 ans à venir.

Les 35 ans de l’Assurance Aro coïncide avec la nationalisation de la compagnie dans laquelle l’Etat a toujours 73% des parts d’un capital social de 7 milliards d’ariary. En tout, la compagnie a 75 ans d’expériences, commençant son existence en tant que agence de la Préservatrice, une société française, puis Délégation Régionale de l’Océan Indien.  La dénomination Aro qui signifie protection en malgache est au départ un sigle  de « Assurance Réassurance Omnibranches ».