Comprendre les enjeux politiques de la réconciliation

Pourquoi insister sur la réconciliation nationale ? Qu’est-ce que cela va apporter au pays ? Va-t-on favoriser l’impunité ? Les questions autour du processus mené par le FFKM ne rendent pas insensibles les simples citoyens ni les observateurs de la vie nationale. Les résolutions d’ivato sont éminemment politiques, car il en va de la réorganisation de certaines institutions et le choix entre plusieurs types de Constitution.

La réconciliation n’est pas finie, elle ne fait que commencer. Les résolutions d’Ivato prévoient la mise en place d’une structure chargée de finir le processus. L’organe FFM mis en place durant la transition pourrait être conservé mais sa composition sera améliorée et augmentée. L’autre option est la mise en place d’un Comité National de la Réconciliation à la place du FFM. Les participants ont évoqué la création d’un ministère de la réconciliation nationale.

De nouvelles pratiques politiques dans une nouvelle Constitution

Les invités du FFKM veulent aussi réguler la pratique politique. Cela commence par la surveillance des militaires afin que ces derniers ne cèdent plus à la sirène de la politique et respectent l’éthique. Un organe sera à mettre en place pour surveiller les partis et leur manière de fonctionner. Madagascar pourrait avoir son conseil des sages ou présidium réunissant les anciens présidents et chefs d’Etat. Enfin, une nouvelle institution moins républicaine est proposée. Il s’agit de la Chambre des Ampanjaka réunissant les représentants des dignités royales très présentes dans la société.

Toujours dans le cadre de la réconciliation nationale, le changement de Constitution relève de deux possibilités. Premièrement, l’Assemblée constituante pourrait amender le texte fondamental actuel afin de mettre en place un « régime présidentiel fort ». Deuxièmement, tous les types de régime possible refont surface : régime présidentiel, régime parlementaire, régime monarchique, Etats fédérés, Provinces autonomes et même un état religieux ou « fanjakam-pisorona ». L’Assemblée constituante serait donc appelée à proposer plusieurs constitutions et le peuple fera son choix. Ce ne sera pas une proposition unique à soumettre à un référendum.

Seul Rajaonarmampianina gardera sa place

Les propositions dans les résolutions des assises nationales sont passées inaperçues puisque les politiciens ont été accaparés par un seul et unique point : « toutes les institutions seront dissoutes à part le président de la République et les nouvelles institutions seront mises en place ».

Les chefs traditionnels et les chefs de royaume devraient-ils jouer un rôle politique ?

D’ailleurs, le président Rajaonarimampianina est appelé à mettre en pratique les résolutions. Il a souligné auprès des participants que c’est une résolution que « vous avez prise ensemble pour améliorer l’avenir du pays» et qu’il lui « appartient de les appliquer dans le respect des principes républicains et de la sagesse malgache ». Une nuance qui relativise l’engagement et l’obligation du président. « J’accepte de mettre en place l’institution qui va diriger la réconciliation nationale », a-t-il déclaré. Pas plus. Le chef de l’Etat s’est dit favorable à l’amnistie tout en mettant l’accent sur la lutte contre l’impunité.

Selon Hery Rajaonarimampianina, « on ne peut pas cacher qu’il y a des rancunes et des blessures et enfouies profondément dans le cœur des compatriotes malgaches ». Il estime que le temps est venu pour chacun de reconnaitre ses erreurs, de se repentir et de pardonner. « En tant que président de la République et père de la nation, c’est mon devoir de déclarer devant vous, au ciel et à la terre, que je demande pardon et présente des excuses pour toutes les victimes des méfaits des régimes qui ses sont succédés ». « Que le passé appartienne au passé », a-t-il ajouté.

Recueillis par A. Herizo