mercredi , 1 mai 2024
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Boudées par les trois autres mouvances politiques, les conférences régionales préconisées par les autorités de la transition devaient servir de base à la future République à bâtir sur fond de conférence nationale. Des « voix du peuple » sont recueillies pour légitimer a posteriori le changement anti-constitutionnel de pouvoir.

Conférences régionales « unilatérales », la HAT en quête de légitimité populaire

La HAT et le gouvernement de transition ont pourtant voulu soigner les apparences. L’organisation des conférences régionales a été confiée à la société civile. Il fallait donc monter en express des comités d’organisation et y mettre les moyens. En raison des balbutiements au niveau de l’organisation, le rendez-vous a été reporté trois fois. Et encore, la date du 30 juin ne devait être retenue dès que la charte de la transition attendue avant le 26 juin n’a pas été signée.

Officiellement donc, les conférences régionales ne sont pas celles de la HAT ni de la mouvance Andry Rajoelina. Ce sont des membres d’association de la société civile qui sont à la baquette. Les thèmes abordées sont les mêmes pour toutes les régions : la constitution, la réconciliation nationale et la loi électorale. L’idée est de recueillir des propositions venant du « peuple ».

La représentativité des participants à ces conférences a toujours été dénoncée. Les autorités de transition s’en lavent les mains, prétextant qu’elles ont lancé un appel à tout le monde, tant pis pour les absents. Pour prouver la légitimité de l’événement et des résolutions qui en découleront, l’on a beaucoup communiqué sur le nombre de participants.

La HAT pense pouvoir faire cavalier seul et apporter une solution populaire et non « unilatérale » à la crise politique. Le but est de faire valider sa feuille de route afin de consolider et faire durer le régime transitoire. Que ce soit les mouvances Ratsiraka, Ravalomanana et Zafy, tous ont dénoncé les assises et conférences pro-TGV. C’est effectivement les militants regroupés un temps dans un prétendu comité pour la défense de la démocratie qui participent à ces événements.

L’idée des conférences régionales ou d’une conférence nationale n’est pas sur le fond rejetée par les autres mouvances. Les camps des trois présidents de la république sont unanimes sur la nécessité de signer la charte consensuelle auparavant. Pour la HAT, la stratégie et d’avancer tout en jouant la montre. Avec les résolutions de ces conférences au niveau des région, Andry Rajoelina pourra donner forme à tout ce qu’il a annoncé comme étant la volonté du peuple.

Les participants à ces conférences ont la lourde responsabilité de décider du sort du pays par leur proposition. La décision sera prise par la conférence nationale qui, au départ, avait été prévue avant le 26 juin. Ce qui veut dire qu’elle pourra se faire bientôt. La HAT pourra ainsi aller plus vite puisque la conférence nationale peut valoir une charte entre plusieurs mouvances.

Le but final pour le gouvernement de transition est d’avancer vers les élections. Déjà, des voix s’élèvent contre une probable élection « unilatérale » organisée par la HAT. Andry Rajoelina est persuadé pouvoir s’en sortir sans l’aide internationale et gouverner le pays pour les dix mois qui lui reste de mandat autoproclamé. Face au manque d’efficacité de la pression internationale, les initiatives unilatérales risquent de se poursuivre et la crise politique se perpétuer. Il resterait encore dix mois de répression des opposants, voire plus.