lundi , 20 mai 2024
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Est-ce que Madagascar est-il un pays sans tête. L’imbroglio judiciaire dans lequel s’empêtre le régime de transition met une couche supplémentaire au flou qui entoure la sortie de crise. Monja Roindefo débouté, Eugène Mangalaza rentré en France, le titre de Andry Rajoelina changé… on ne sait plus à quel saint se vouer.

Confusion à la tête de l’exécutif : une transition dans la transition

Qui dirige la transition, la réponse est encore Andry Rajoelina. Le pays est à mi-chemin entre la transition de fait issue d’un coup d’Etat militaro-civile et une transition inclusive et consensuelle définie lors des accords de Maputo I en août 2009. Encore une fois, l’évolution juridique sur la situation du pouvoir exécutif est une affaire d’interprétation libre. La présidence, celle qui devrait être de la République, a déjà revendiqué le nouveau titre de Andry Rajoelina en tant que président de la transition comme il est stipulé dans la charte signée à Maputo.

Selon la mouvance Rajoelina, le président de la HAT a été adoubé par un décret portant nomination d’un… premier ministre. En désignant officiellement Eugène Mangalaza, l’homme de la mouvance Ratsiraka et qui a obtenu le consensus des quatre mouvances, au poste de chef du gouvernement de la transition, Andry Rajoelina aurait agi de facto en tant que président de la transition. La tentative désespérée de l’autre premier ministre Monja Roindefo de s’accrocher à son fauteuil a failli avoir des conséquences fâcheuses pour une mouvance Rajoelina, tiraillée par le déchirement d’un tandem que l’on croyait immuable.

En déposant un recours au près du Conseil d’Etat, Monja Roindefo a ébranlé son camp à commencer par son « président ». Il contestait que la nomination d’un nouveau premier ministre pour le remplacer soit basée sur une simple déclaration du Groupe international de contact chargé de la médiation de la crise. Pire, il remettait en cause de facto la qualité de Andry Rajoelina en tant que président de la transition. Dans quel intérêt ? Vu la position radicale des Forces du changement alliées de la HAT, d’un côté, l’intransigeance du président évincé Marc Ravalomanana d’un autre côté, Monja Roindefo aurait été en bonne position pour conserver son poste de premier ministre en cas d’absence de consensus.

La décision du Conseil d’Etat de se déclarer incompétent de juger l’acte de gouvernement qui consistait à désigner le nouveau premier ministre est aussitôt interprétée comme une reconnaissance légale de la qualité de président de la transition du jeune Andry Rajoelina. Tout cela n’est que transitoire. Le gouvernement est confié officiellement au Vice-premier ministre Cécile Manorohanta. Ironie du sort, l’ancienne ministre de la Défense a intégré le gouvernement Roindefo II  en étant censée représenter la mouvance Ravalomanana, sans l’accord de cette dernière évidemment.

Le gouvernement de transition dans la transition va donc diriger le pays jusqu’à l’issue de l’énième ultime négociation du 03 au 05 novembre 2009 à Addis Abeba. Même si Trébilé Dramé, l’un des médiateurs du GIC a minimisé l’importance d’une nouvelle signature entre les quatre chefs de mouvances, l’application de la Charte de la transition signée à Maputo ne pourra pas se faire sans un nouvel accord.