vendredi , 17 mai 2024
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A l’issue de la rencontre entre les mouvances Ravalomanana, Zafy et Ratsiraka qui ont répondu à l’invitation du président mozambicain, le mode de fonctionnement du conseil présidentiel à trois membres se précise. La résolution de ce Maputo III est contestée par Andry Rajoelina. Ce dernier affirme que cette modification de l’acte d’Addis Abeba est nulle et caduque car contraire aux principes de Consensus et Inclusif qui le voit seul à la tête de l’Etat.

Conseil présidentiel : pas de consensus, cohabitation improbable

Les trois mouvances ont clarifié, selon leur point de vue, le fonctionnement du trio à la tête de l’exécutif durant cette période de  transition. « Le conseil présidentiel composé du président et des deux co-présidents de la transition est l’instance dans laquelle toutes les décisions doivent être prises afin de donner un caractère consensuel et inclusif à la gestion de la transition », dit la résolution de Maputo III . Il est stipulé que tous les moyens matériels et humains doivent être mis à la disposition des co-présidents et ces derniers ont droit à un bureau au palais d’Etat d’Ambohitsorohitra .

La réponse de la mouvance Rajoelina a été épidermique. « Les chefs de file des trois mouvances : Zafy Albert, Ratsiraka Didier, Ravalomanana Marc, réunies à Maputo du 03 au 08 décembre 2009, ont sciemment violé la Charte de Maputo ainsi que l’Acte Additionnel d’Addis-Abeba en modifiant unilatéralement les dispositions concernant le Président de la Transition et le Conseil Présidentiel en incluant le Président dans le Conseil Présidentiel ». Ambohitsorohitra insiste sur le fait que les deux « co-présidents du conseil présidentiel » ne font qu’assister le président de la transition. Pour la mouvance Rajoelina, il est hors de question de reconnaître les « conseillers » Emmanuel Rakotovahiny et Fetison Andrianirina comme étant des co-présidents de la transition.

Un mois après la rencontre d’Addis Abeba, les deux co-présidents sont toujours privés de moyens par la présidence. L’administration Rajoelina refuse « les honneurs » et les « symboles » qui témoigneraient de la qualité de président  des deux co-présidents. Emmanuel Rakotovahiny et Fetison Andrianirina sont interdits de palais présidentiel pour exercer leur fonction. 

La cohabitation est impossible tant que le consensus n’est pas trouvé sur l’opérationnalité de ce conseil présidentiel. Andry Rajoelina  veut diriger le pays sans avoir les deux co-présidents dans les pattes. Sa déclaration sur l’émargement des deux concernés sur les documents du conseil des ministres avait étonné. Pour le président de l’autorité de fait, il ne s’agirait aucunement de contre-signature pouvant manifester un droit de veto sur une décision. De même Andry Rajoelina a laissé entendre que toutes les décisions ne seront pas prises en conseil de ministres et qu’il pourra toujours en prendre de manière unilatérale.

« En décidant d’inclure le Président Andry Rajoelina dans le Conseil Présidentiel, en le mettant sur les mêmes pieds d’égalité que les 2 Co-présidents  du Conseil Présidentiel,  les trois mouvances ont exprimé leur  volonté d’éliminer Andry Rajoelina de la tête de l’Etat », communique la présidence de la transition. La définition de ce concept de « conseil » dans l’acte d’Addis Abeba a été un peu vague, laissant libre cours aux différentes interprétations, en particulier sur la qualité de co-présidents de la transition.

Andry Rajoelina lui-même était dans le flou puisqu’il a remercié Emmanuel Rakotovahiny d’avoir renoncé à un poste de vice-président pour devenir co-président. Pour Fetison Andrianirina, c’est le conseil qui dirige la transition et le titre de président de Andry Rajoelina est juste honorifique. Ce dernier ne s’en tient qu’à ce qui est essentiel pour lui : les autres mouvances ont admis à Addis Abeba qu’il est bien le président de la transition. Ce qui le mettrait dans une position de force pour refuser tout consensus qui ne lui convient pas.